Mais que connaissent ces gens de la folie ? La terre est tendre pour les jeunes âmes qui s’éveillent. Elle tend ses bras noueux où poussent la grâce et les fleurs, ouvre un monde où peuvent s’endormir les esprits fatigués. Je tisse ma couronne de mauvaises herbes, monarque d’un empire flottant où ma présence même est un songe. Là, nul homme pour humilier mon amour et ma raison, mais le repos des simples. Les vivants n’oseront suivre des yeux mon cortège, et pourtant… ! Qu’ils admireraient la statue modelée par le fleuve ! L’eau m’a prise, et a déposé la gemme de son mystère entre mes yeux.
La peur de la chute s’estompe à mesure que le ciel devient brumeux sous ma faiblesse. Comme le monde s’orne de couleurs alors inconnues, et entêtantes ! Les verts et les bleus vibrent telles les ailes des coléoptères, la vase grisâtre se mue en cercueil d’un granit rose et délicat, et le fleuve, d’une blancheur séraphique, bouillonne en de délicates nacres. Les hommes craignent la Mort exsangue et ténébreuse, mais elle laisse glisser son suaire terrifiant face à ceux qui l’accueillent avec ardeur, et elle dévoile alors mille douceurs enchanteresses…
Le manque d’air me brûle à peine ; j’avale l’onde et ses pétales, et, lentement, je me transforme. Comment craindre l’ultime rai de lumière, lorsque l’on a passé sa vie à le fuir dans le rêve… si le ciel me refuse son secours, je resterai blottie dans le courant, et j’étreindrai les enfants des fleurs qui cherchent le salut. Je passerai de corps en corps éveiller l’âme à la toute-puissance de l’éphémère ; la corolle née dans la boue verra son chant atteindre les étoiles. Détachons-nous de la peur du vide, de la pesanteur du squelette, des chaînes de l’amour ; de mon dernier souffle naîtra la tempête, et je déposerai fièrement le pâle velours du tombeau sur le front des désespérées.
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Seconde partie du mythe « intouchable », avec toujours la talentueuse Charlotte Skurzak à la photo. La prochaine étape, c’est directement dans un lac !
Du Ravel pour un thème aquatique, oui, vraiment.
BOn je ne sais si le premier a fonctionné mais je reposte au cas où.
RépondreSupprimerLa dernière est photo est très intéressante parce tu t'effaces face aux fleurs comme si elles te mangeaient.
La disparition de la mélancolie en somme.
C'est exactement ce que l'on a voulu suggérer dans cette seconde série, je suis ravie que le message soit passé ! Merci beaucoup pour ton commentaire <3
SupprimerÉvidemment, j'aurais du me douter qu'un premier chant en appellerai au moins un second, dont le texte va plus loin dans l'onirisme. Pour les images, ce sont de belles choses au naturel (des cheveux dans de l'eau, des fleurs fraîches), rendues ici sans artifice, néanmoins je préfère les moins globales qui crééent une singularité, telle celle qui ne figure que le vêtement et les mains, et le portrait aussi. Grande hâte de découvrir la suite, surtout que malgré tout on sent un *tout* petit peu la baignoire dans celles-ci.
RépondreSupprimerLa baignoire a ses limites ! Nous nous en doutions, mais la prochaine fois, nous irons plus loin (attendons que l'été arrive, pour éviter la maladie de Lizzie).
SupprimerJe te remercie pour tes remarques, toujours constructives.
Magnifiques ! Autant les images que le texte ! En plus, Ophélia est un de mes thèmes favoris en peinture.
RépondreSupprimerMes photographies préférées sont celles avec les mains et celle où tu regardes "au-delà", livide.
Merci beaucoup, je suis touchée que cela te plaise.
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