« [...] La Torpille est infiniment mieux que tout cela ; vous avez tous été plus ou moins ses amants, nul ne vous ne peut dire qu’elle a été sa maîtresse ; elle peut toujours vous avoir, vous ne l’aurez jamais. »
Balzac, Splendeurs et Misères des courtisanes.
Tant de légendes, de fantasmes, se dissimulent derrière la figure de la Grande Horizontale, cette femme qui bâtissait sa fortune et sa renommée en spéculant sur sa seule possession : elle-même. Alexandra Banti dédie toute une partie de son travail à cette être fascinant qui, pour parvenir, se rendait tout à la fois paria et indispensable. Et me voici donc, grâce à elle, glissée le temps d’une après-midi dans la peau de Liane de Pougy, l’une de ces figures féminines incontournables de la Belle Époque, tour à tour fragile et impitoyable femme d’affaires.
« Vous voilà donc, avec la superbe du lys, la chaîne du joyau autour du cou ! — C’est que, monsieur, j’y travaille. » |
Splendeur des longs colliers de perles et misère des dentelles secrètes, où nichent peut-être parfois peurs, frustrations et dégoûts. « Imagine que tu viens de passer la nuit avec un vieux dégueulasse qui sent mauvais », en voilà une directive ! Mais que ne ferait-on pas pour une place au soleil… Ici au moins, l’arrivisme est esthétique. Qu’il est beau, déchirant, méprisable, ce XIXe siècle !
Un peu de couleurs, pour finir…
La robe est une vieille Gunne Sax qui évoque des rêveries
édouardiennes, les bijoux sont faits-main ; quant au chapeau, il a été
réalisé par Merveilles, dont je ne peux parler qu’en bien, tout en brandissant fièrement l’étendard de la jeune création française (si, si).
Et, parce que je l’aime bien, je vous renvoie au Lotus d’Ébène de l’an passé, autre songerie sur ces femmes vendues au tout-puissant dieu du capital, par nécessité, duperie, ou convoitise.
Tu es magnifique sur ces photos (comme toujours) ! *o*
RépondreSupprimerEt toi, tu es trop gentille !
SupprimerJe pense que le mot est bien choisi, songerie, histoire sans queue ni tête. J'ai encore du mal à apprécier l'expression artistique dans ses formes les plus abstraites, mais je peux me contenter de demi-histoire, d'images qui présentent plusieurs facettes d'un sujet (ou une composition contrastée) sans donner de direction au spectateur. En somme, photographier une jolie fille pour photographier une jolie fille, bof, une jolie fille dans un joli décor ou avec un joli accessoire, un peu léger, mais un joli set avec un regard moral qui varie selon l'époque ou la personne, pourquoi pas. J'ai même remarqué qu'en tant que créateur on peut broder longtemps sur un chemin dont on ne perçoit absolument pas les ramifications dans sa propre tête, même ça se débloque tôt ou tard et on n'en apprécie que plus les étapes qu'on a marquées, en ce qui te concerne, des séances photos. Sur ce, telle Caïn, je vais tuer mon browser (qui s'amuse à me remonter en haut de la page à chaque fois que j'essaie de surligner un passage pour l'effacer) ce qui m'a bien évidemment fait rater l'Heure.
RépondreSupprimer(et d'où la perte de contrôle sur la forme de ce commentaire)
SupprimerL’allusion à Caïn est parfaite. Je te l’emprunterai, sans nul doute.
SupprimerLes prétentions artistiques ont sans doute toujours un fil qui les tisse inconsciemment les unes aux autres, comme si celui qui s’espérait disciple des Muses possédait en fait le talent des Moires. On croit tâtonner, mais tout est logique, à postériori. J’essaie de me dire que tout ce temps passé à se sentir désespérément perdu est une sorte d’étape nécessaire à l’achèvement d’une œuvre (sans doute pour ne pas sombrer dans la panique). Je me rattache à Perséphone pour changer, j’ai plein d’envies Mystérieuses, plein d’envies tout court ; pourquoi manque-t-on ainsi de temps ?