dimanche 7 avril 2013

LXXXV

Wer einmal, Mutter, dich erblickt,
Wird vom Verderben nie bestrickt,
Trennung von dir muß ihn betrüben,
Ewig wird er dich brünstig lieben,
Und deiner Huld Erinnerung
Bleibt fortan seines Geistes höchster Schwung.

Ich mein' es herzlich gut mit dir,
Was mir gebricht, siehst du in mir.
Laß, süße Mutter, dich erweichen,
Einmal gib mir ein frohes Zeichen.
Mein ganzes Dasein ruht in dir,
Nur einen Augenblick sei du bei mir.

Oft, wenn ich träumte, sah ich dich
So schön, so herzensinniglich,
Der kleine Gott auf deinen Armen
Wollt' des Gespielen sich erbarmen ;
Du aber hobst den hehren Blick
Und gingst in tiefe Wolkenpracht zurück.

Was hab' ich, Armer, dir getan ?
Noch bet' ich dich voll Sehnsucht an,
Sind deine heiligen Kapellen
Nicht meines Lebens Ruhestellen ?
Gebenedeite Königin,
Nimm dieses Herz mit diesem Leben hin.

Du weißt, geliebte Königin,
Wie ich so ganz dein eigen bin.
Hab' ich nicht schon seit langen Jahren
Im stillen deine Huld erfahren ?
Als ich kaum meiner noch bewußt,
Sog ich schon Milch aus deiner selgen Brust.

Unzähligmal standst du bei mir,
Mit Kindeslust sah ich nach dir,
Dein Kindlein gab mir seine Hände,
Daß es dereinst mich wieder fände ;
Du lächeltest voll Zärtlichkeit
Und küßtest mich, o himmelsüße Zeit !

Fern steht nun diese selge Welt,
Gram hat sich längst zu mir gesellt,
Betrübt bin ich umhergegangen,
Hab' ich mich denn so schwer vergangen ?
Kindlich berühr' ich deinen Saum,
Erwecke mich aus diesem schweren Traum.

Darf nur ein Kind dein Antlitz schaun,
Und deinem Beistand fest vertraun,
So löse doch des Alters Binde,
Und mache mich zu deinem Kinde :
Die Kindeslieb' und Kindestreu
Wohnt mir von jener goldnen Zeit noch bei.

Celui qui t'a vue une fois,
Mère ! jamais le mal ne l'abuse.
Être séparé de toi l'attriste,
Toujours avec dévotion il t'aime ;
Le souvenir de ta faveur
Reste dès lors l'élan de son esprit.

Mes intentions sont si louables,
Tu vois en moi ce qui me manque ;
Ô douce Mère, laisse-toi fléchir,
Fais-moi un signe joyeux, un seul !
Mon existence en toi se fonde,
Sois près de moi, rien qu'un petit instant.

En rêve, je te voyais souvent,
Si belle et si pleine de grâces,
Et dans tes bras, l'enfant Dieu voulait
Prendre son compagnon en pitié ;
Mais levant ton noble regard,
Tu repartais dans les nuées de gloire.

Infortuné, que t'ai-je fait ?
Je t'implore tout en languissant ;
Tes saints autels ne me sont-ils pas
De doux reposoirs en cette vie ?
Ô toi ma reine très-bénie,
Avec ma vie, accepte aussi ce cœur.

Tu sais qu'entier je suis à toi,
Ô souveraine vénérée.
N'ai-je pas déjà, discrètement,
Tant d'années éprouvé ta faveur,
Quand, à peine conscient de moi,
Je suçais le lait de ton sein comblé ?

Que de fois m'étais-tu présente :
Je t'observais de joie naïve
Et ton enfant me donnait ses mains,
Afin de me reconnaître un jour ;
Tu souriais, toute tendresse,
Tu m'embrassais… Que ce temps était doux !

Un monde heureux s'est estompé,
Depuis, la peine m'accompagne,
Morose, je pérégrine sans cesse.
Aurais-je donc failli à ce point ?
Tire-moi d'un rêve si lourd !
Filial, j'effleure l'ourlet de ton voile.

Si seul l'enfant peut voir tes traits
Et peut compter sur ton secours,
Enlève-moi le bandeau de l'âge,
Refais de moi ton petit enfant :
La foi et l'amour innocents
De ces temps dorés m'habitent encore.

Novalis, XIVe Cantique spirituel.

2 commentaires:

  1. Oh my...
    Ce poème que je ne connaissais pas est si doux, mais si triste... Je pourrais en pleurer de le lire accompagner de musiques si tristes que j'écoute. ;_;

    Je devrais lire plus de poèmes, et ne pas me cantonner à Baudelaire, Verlaine ou Rimbaud...

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    Réponses
    1. Ah la la, comme d'habitude, tant de choses à lire, si peu de temps pour le faire... En tout cas je suis contente que ce poème te plaise.

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