samedi 26 décembre 2015

CCLXXVI

Je voulais clore l’année sur quelque chose de charmant.


Que cette fin d’année vous soit douce…

lundi 21 décembre 2015

CCLXXV ~ Songe d’un jour d’automne

Toute l’originalité du titre de ce billet bouleversée en une image.
C’est presque de saison ! À la fin du mois d’octobre, la fascinante et talentueuse Marie Tuonetar et moi-même sommes allées nous promener alors que la forêt se trouvait dans ses plus beaux jours d’automne, et voici ce qui en naquit (enfin, sans Apollinaire, mais a-t-on vraiment besoin d’une raison valable pour citer Apollinaire ?).


Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers


(Les véritables idoles de nos forêts.)
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Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé


Aux lisières lointaines 
Les cerfs ont bramé


Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie

S’écoule

Guillaume Apollinaire, « Automne malade » in Alcools, 1913.


(Et j’avouerai, car mon honnêteté me perdra, que cette édition de Shakespeare est en allemand, que je n’y entends donc absolument rien, et que, pour la première fois de ma vie, j’ai utilisé un livre juste pour faire joli, et qu’en plus, j’ai aimé ça.)

jeudi 17 décembre 2015

CCLXXIV ~ My Sweet Lolita

Photographies (et lunettes !) : Charlotte Skurzak (polaroïd et numérique). 


Derrière le rêve jamais avoué de porter des lunettes en forme de cœur (c’est maintenant chose faite) se cachait surtout l’envie de porter pour un instant la peau de l’une des plus tragiques héroïnes du XXe siècle, Lolita.


Je n’ai jamais vraiment compris les réactions outrées de certaines personnes par rapport au livre de Nabokov, et qui se bornent à y voir une apologie de la pédophilie derrière les rêves creux et alanguis d’une insupportable gamine égocentrique. Le récit m’a toujours paru amplifier l’aspect pathétique de la relation entre Lolita et son ravisseur, et je n’y ai jamais décelé la moindre admiration ou la moindre tendresse pour les actes de l’une ou de l’autre.
Je pense justement que tout le côté dérangeant de Lolita tient dans ce manque complet de romance et de poésie, ou une paumée tombe simplement sous le joug d’un dangereux paumé. De là, pour moi, l’héroïne tragique : Lolita n’a aucun contrôle sur sa propre existence, et d’un geste irréfléchi aura fini par causer effectivement sa perte. 


L’autre aspect tragique de Lolita tient à ce qu’en a fait parfois la postérité, une petite allumeuse qui n’a que ce qu’elle mérite. Soit, pour avoir joué avec les feux d’un homme qui avait l’âge d’être son père : un enlèvement, une déscolarisation, des viols, du harcèlement, etc. Le châtiment me paraît équitable, et j’y songerai la prochaine fois que je tomberai face à un adolescent qui me demandera mon numéro pour se donner l’air viril.
C’est peut-être aussi un peu pour cela que je suis contente de voir que son mythe est repris par une certaine partie des courants vestimentaires féminins japonais, qui ne cherchent pas forcément à la glorifier mais simplement à évoquer sa mélancolie de la même façon que certaines personnes jouent avec les figures de Juliette ou d’Ophélia (suivez mon regard). Je trouve qu’il existe une très forte poésie chez la jeune fille qui s’éveille à elle-même, malheureusement trop souvent sexualisée de façon malsaine.

mercredi 9 décembre 2015

CCLXXIII ~ Seigneur, qu’avez-vous fait de mon âme…

( … devrais-je, là encore, accuser les bêtes de me l’avoir mangée ?)

Lu aujourd’hui, à la toute fin de la (très bonne) biographie d’Aliénor d’Aquitaine rédigée par Régine Pernoud :

« Concevons que notre travail présente une lacune : il ne comporte aucun de ces jugements péremptoires que l’on a coutume d’émettre lorsqu’on touche au Moyen Âge. C’est pourtant une habitude consacrée par l’usage. Lorsqu’on traite, par exemple, de l’Antiquité ou du Grand Siècle, on rapporte sans sourciller les orgies impériales ou les scandales de cour ; au contraire, quand il s’agit du Moyen Âge, il est nécessaire de marquer, par quelques phrases bien senties, qu’en dépit de la chevalerie, de la courtoisie et des cathédrales, les gens de cette époque étaient de tristes sires, brutaux et ignorants, que les seigneurs était cruels, le clergé dissolu, le peuple misérable et sous-alimenté – ou plutôt ne parlons même pas de « sous-alimentation », puisque à en croire certains auteurs modernes, c’est la notion même d’alimentation qui devait leur faire défaut… Faute de quoi, on passe pour naïf. Il y a probablement une grande naïveté à préférer le Mont-Saint-Michel à l’église Saint-Sulpice, ou la Madeleine de Vézelay à la Madeleine de Paris ; celui qui tombe dans ce travers s’entendra rappeler, avec un indulgent sourire, que le Moyen Âge était loin d’être une époque « idyllique ». Sur quoi on ne sait plus très bien où est la naïveté : car en somme, y eut-il jamais une époque qui puisse être qualifiée d’idyllique ? Montrer tel ou tel de ces dix siècles du « Moyen Âge » sous des couleurs autres que celles des trop fameuses « ténèbres », est-ce sous-entendre que ces siècles n’ont pas connu le cortège de souffrances et de misères, d’injustices et de bassesses qui est le lot le plus courant de l’humanité depuis que le monde est monde ?
On pourrait tout au plus faire remarquer que ce qui distingue une époque d’une autre, c’est l’échelle de valeurs : ainsi, au XIXe siècle, le terme de « valeurs » désigne des actions susceptibles d’être cotées en Bourse ; au Moyen Âge, on appelle ainsi l’estime que ses exploits valent au chevalier, sa beauté, son courage, etc. Quant à dire que tous les chevaliers n’ont pas la « valeur » que suppose et exige la notion de chevalerie, n’est-ce pas simple truisme ? L’expérience de la vie quotidienne ne suffit-elle pas à nous apprendre qu’un homme est rarement parfait ?
Quoi qu’il en soit, nous nous sommes abstenu de prendre le ton du censor morum, et nous excusons de manquer ainsi aux usages. Le lecteur voudra bien y suppléer.
À moins que, mis en présence de ce que nous apportent les documents, il ne se sente, comme nous l’avons été nous-mêmes, moins enclin à juger qu’à comprendre. »

Et pan.


mardi 1 décembre 2015

CCLXXII ~ Babioles


À nouveau un peu de travail manuel par ici ! J’ai enfin fini cet éventail de plumes qui traînait dans mes tiroirs depuis le mois d’octobre. Je lui ai sacrifié une vieille cuillère en bois (si, si), et voilà le résultat. Pour une première, je suis vraiment contente de moi, même si je n’en vois presque que les défauts. J’ai donc assemblé plumes de paon, fleurs de soie et cabochons de cristal, et rajouté tout à la fin un peu de paillettes pour masquer deux/trois traces de colle qui se voyaient un peu trop à mon goût (quand on en arrive aux paillettes, c’est que le désespoir frappe à la porte).


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Autre projet qui traînait depuis des mois : cette parure à pompons, que j’eus l’idée de me fabriquer en feuilletant je ne sais plus quel numéro de Cutie, plusieurs fois montée, démontée, avant d’arriver à cette version définitive. Pompons de soie, laiton et améthystes.


J’espère investir bientôt dans du matériel un peu plus perfectionné pour pouvoir tenter plus de combinaisons différentes. Ma lubie, ces dernières semaines, est de me dire que je ne porterai sans doute jamais de Lalique, mais que rien ne m’empêche d’essayer de m’en approcher le plus possible. Autant dire que cela sous-entend beaucoup d’années de travail et d’expériences ratées, et autant les entamer rapidement !

lundi 30 novembre 2015

CCLXXI ~ Jours de repos, le bilan.

Des quelques jours de congé auxquels j’eus droit en cette fin novembre, trois belles découvertes.

Tout d’abord, celle de Julia Margaret Cameron, dont je connaissais le nom sans jamais m’être vraiment penchée sur son œuvre ; c’est désormais chose faite grâce à la première partie de l’exposition Qui a peur des femmes photographes ?. Photographe britannique du XIXe siècle, très proche du courant préraphaélite (elle est l’auteur de cette fameuse photographie où Alice Liddell et Lewis Carroll échangent un baiser), elle a immortalisé un grand nombre de personnalités de son époque, comme Charles Darwin, Virginia Woolf ou encore Thomas Carlyle, mais a aussi réalisé de très belles compositions sur des thèmes plus édifiants.

Beatrice (Beatrice Cenci, pas la Beatrice de Dante – je me suis fait avoir au début).
Circé et Un ange au sépulcre


Deuxième découverte, tchèque cette fois-ci : Malá morská víla, soit La Petite Sirène. Le film suit scrupuleusement le conte d’Andersen, j’étais donc d’emblée vendue pour le scénario (ce conte étant mon préféré), mais les images sont, en plus, superbes (pour qui aime l’eau et les robes de voile) et l’actrice principale (Miroslava Safrankova) doit faire partie des plus belles femmes du monde. Bref, ce film est une friandise pour les yeux, et pour les oreilles, sa musique ayant été écrite par Zdeněk Liška, l’un des plus grands compositeurs du cinéma tchèque des années 1950 à 1980.

Franchement.
FRANCHEMENT.


Et pour finir, peu avant de succomber à un début d’angine (que seraient les vacances sans la fièvre), j’ai misérablement fauté en achetant un livre de l’illustratrice japonaise Miyako Hasumi, que j’ai découvert et adoré presque simultanément. Elle semble difficile à traquer sur la Toile, j’ai simplement trouvé son blog où elle poste ses travaux en cours, mais pas (encore) de galerie en ligne. L’influence Art nouveau de son trait n’est pas étrangère à mon coup de cœur, tout comme l’influence slave (certains de ses monochromes pourraient être issus de la plume de Mucha, presque à s’y méprendre).


Source.

Sur ce, entrons avec délicatesse dans le mois de décembre (alors que je me crois toujours début octobre, mais je me soigne.)

mercredi 25 novembre 2015

CCLXX ~ Sukeban Guerilla


Stylisme : Nec. (Angeline Bertron)
Maquillage : Ouiche Laurene
Photographie : Simon Genillier Roelsgaard



Je l’ai juré, pas plus tard qu’hier encore. Je ne mens ni ne triche, alors je ne te cacherai pas que pour le moment, j’attends. Je bois et j’insulte les passants pour apaiser l’ennui, mais cela me semble toujours plus intéressant que les misérables promesses dont tu ne cesses de me parler depuis que nous sommes entrés dans cette pièce.
Regarde, tu me fais bailler.
Regarde mieux, je baille encore.
J’ai pourtant horreur de bailler ; c’est l’ivresse que j’aime. Je me suis donnée à elle voilà des années, depuis le premier souffle, et j’arrive maintenant à apprécier ses moindres finesses, en attendant l’ouragan qui me désarçonnera complètement. Dès que je le trouverai, je le suivrai, loin ; et si pour le goûter je dois supprimer une vie, eh bien… ! Mais je ne suis pas mauvaise jusqu’à la moelle, je me trouverai une ordure infâme, ou alors une âme trop naïve, parce que leur espèce me fait horreur.


Tu ris : évidemment que je ne vais pas sortir tuer quelqu’un ; je n’ai aucune raison de le faire maintenant. Pour l’instant, je te l’ai dit, j’attends. Je suis encore une femme, mais un jour mon long manteau abritera une rafale de vent, et j’aurai atteint mon but.
Ah… ! j’ai parlé de meurtre et c’est tout ce que tu retiens… Ta moquerie est à ton image : faible. Rien de ce que j’ânonne ne t’inspire, même si je m’y prends mal, même si mon idée dépasse les mots dont je l’habille… C’est pourquoi je préfère de loin le vent aux hommes : s’il décide de tout renverser, alors le monde n’a qu’à s’incliner. C’est ainsi que je veux vivre ; l’emphase n’est qu’un moyen. Si vivre seule dans une grotte me transporte, alors soit ; élever tes enfants, pourquoi pas (mais jamais, tant que tu me feras pitié de la sorte), mais si je désire me laisser porter par ma furie, rien d’autre ne m’importera. Pourquoi devrais-je me soumettre à ce monde, moi qui jamais n’ai décidé d’y naître ?



Non, non. Rien que du vent et de la fureur.

(Bonus « Si, si, le vent est mon allié ».)
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L’an passé, mon amie Angeline se lançait dans une collection centrée sur ces gangs de jeunes motardes japonaises, avec pour mots d’ordre beaucoup de maille et des couleurs vives. Elle me demanda de l’aider pour la visualisation de ses prototypes, et l’expérience m’a beaucoup plu tant elle se plaçait à des lieues de ce que je porte et aime porter.

Tremblez.
Son incroyable ensemble manteau x pull x pantalon, aperçu à son défilé de fin d’année, m’a complètement tapé dans l’œil par son originalité : maille sérigraphiée, esprit 1970 et coupes inspirées du kimono… Ce coup de cœur fut d’autant plus surprenant que le mélange de bleu et d’orange doit être la combinaison que j’apprécie le moins, sur le spectre des couleurs… ! Mais ce mélange aérien et imposant à la fois a réussi à complètement me charmer.
Bref, j’étais vraiment heureuse de pouvoir incarner l’une de ses créations. Longue vie à Nec., n’hésitez pas, d’ailleurs, à jeter un coup d’œil à l’album de la collection Sukeban Guerilla sur sa page !

lundi 23 novembre 2015

CCLXIX ~ Les doux monstres de Sakizou


Alors que, pour diverses raisons, je suis séparée de l’immense majorité de mes livres depuis plusieurs mois (me donnant parfois l’impression que l’on m’eût arraché mes pauvres enfants), je ressens ce soir le manque de plusieurs de mes recueils d’illustrations, plus particulièrement de ceux de Sakizou, plus particulièrement de celui où elle croque chimères et démons de son coup de crayon si décadent. Et alors que je me lançais à l’assaut d’Internet pour chercher quelques-unes de ces images que je chéris tant, je me disais qu’il serait dommage de ne pas vous en faire profiter un peu…

 Lilith

Seraphim 

Mélusine.
(Si je ne suis pas habillée de la sorte le jour de mon mariage, alors rien ne va plus.)

Undine I

Mermaid & Undine II

 Nereid
Transparent White Star