jeudi 26 février 2015

CCXV ~ Du mercantilisme (avec quelques robes dedans)

S’il existe aspect du lolita (et de la mode de manière générale, qu’elle se veuille subversive ou non) qui me gênera toujours, c’est bien son aspect mercantile. Pour avoir commencé à affiner mon goût grâce à la bidouille, l’étalage de la marque toute-puissante me donne une impression de vacuité qui me brise le cœur peut-être plus qu’elle ne le devrait. 
Heureusement, le marché de la seconde-main, florissant, n’est pas toujours lieu d’arnaques, et les jeunes créateurs se portent bien. Tumblr, Instagram, Etsy sont des mines d’or pour trouver des talents passionnés et talentueux, que j’espère pouvoir suivre et soutenir longtemps. Voici donc un article avec quelques achats/coups de cœur vestimentaires en-dehors du circuit traditionnel.


~ Necrosarium.


Si je n’aime pas tous les accessoires de cette créatrice, sa collection de colliers Versailles est à tomber. Généralement pièces uniques, délicieusement surchargés et sans doute importables, je les ai longtemps lorgnés sans jamais franchir le pas. Et puis, j’appris que la marque serait en hiatus à partir de mars, alors je cédai.


Je vais être honnête, je pense que je le bricolerai un peu. Je ne me sens pas complètement sous le charme des lourds chaînons noirs. Et peut-être enlèverai-je les Christ crucifiés. Néanmoins, depuis le temps que je voulais parer mon cou de ces roses extravagantes, je suis comblée.

Je vous laisse le lien de la boutique, qui organise des soldes pour ses derniers jours. Et voici la page Facebook, sait-on jamais.


~ Cloudberry Lady.


J’ai découvert cette marque finlandaise voilà deux, sinon trois ans (déjà), sans grand enthousiasme au début (je l’avoue) mais à présent je lui trouve plus de finesse et de charme qu’à ses débuts.

Admirez par exemple cette robe inspirée de la Renaissance. (Non, je ne suis pas obsédée du tout par cette période historique en ce moment, merci.)
Elle crée également accessoires de tête (comme ce bonnet) et chaussures.
J’avais déjà pu apprécier son travail lors des conventions lolita auxquelles elle avait participé, cette année ce fut à l’occasion des Filles Frou Frou que je découvris sa dernière collection, avec un intérêt très marqué pour son dernier imprimé.


La créatrice travaille en collaboration avec un illustrateur finlandais pour réaliser ses robes, et j’apprécie la délicatesse des insectes représentés ici. Si vous suivez mes aventures (?) depuis un certain temps, vous devez à présent connaître ma fascination pour ce qui évoque le monde des nymphes et de la forêt, et cet imprimé représente à peu près 87 % (oui c’est précis) de mes obsessions. Libellules, astre sélène, scarabées et papillons de nuit, ainsi que quelques poissons qui laissent leurs nageoires danser au hasard de l’onde ; voilà mon thé Eau de Lune fait robe. (Ce qui me fait penser, Messalyn, à quand un vêtement orné de ton talent ?)
Léger bémol cependant quant aux bijoux qui accompagnent la collection, faits de pâte Fimo un peu grossière ; je lui préfère la résine. Néanmoins j’apprécie vivement la progression de cette marque et je suis réellement curieuse de voir la suite.
Page Facebook de la marque : Cloudberry Lady.


~ Dix Macabre sewing.

La jeune Aria ne possède pas de marque, mais coud de sublimes robes lolita, et revend la plupart de ses créations. J’admire particulièrement son talent et sa dévotion, coudre pour le plaisir de coudre, je trouve ça beau (c’est dit).


Cette demoiselle fait partie des créateurs que j’ai découverts au gré de Tumblr, elle poste régulièrement, sur son compte Instagram et sur son blog, la progression de ses projets. Je pense que voir le travail avancer est la partie que je préfère, dans le petit monde du vêtement…


Je la suis depuis un peu plus d’un an à présent, et mon dernier coup de cœur en date revient à ses pièces cousues dans un tissu imprimé Santa Maria de Guadalupe. La mode lolita de ces derniers mois tourne beaucoup autour de figures catholiques, plutôt à tort et à travers (Sister Maria OP, si tu m’entends), mais ici, même dans l’opulence d’un imprimé pourtant bien kitsch, on reste sobre.


L’OP est en projet, avec un peu de chance… *wink wink*


 ~ 4 o'clock.


Voici une marque qui, j’espère, n’aura bientôt plus besoin d’être présentée. Elle est à mon sens la plus belle marque européenne avec ce que fabrique Clara Maeda. Cela fait bientôt quatre ans que je la connais (depuis sa création, il me semble) ; au début très orientée vers un lolita classique, la créatrice néerlandaise Linda Friesen prend de plus en plus de libertés dans ses créations, mais cela reste toujours ambitieux, imaginatif… superbe.


Je suis désormais la très heureuse maman (si, si) de l’une de ses pièces, un trésor qui m’appelait depuis des années, et que je suis plus qu’impatiente de mettre en scène. Son travail sur le plumetis est parfait, pas une couture ne s’effiloche, le tombé est impeccable, et la robe est légère, légère…! Un souffle sur la peau.
La crinoline est également très bien faite, légère et agréable à porter. J’adore bouger avec, sentir la robe épouser le jeu de la crinoline selon les mouvements que l’on exécute ; voilà un vêtement de danseuse.


La page Facebook de la marque. Beaucoup de jeunes créateurs fonctionnent par le biais d’une page Facebook, ce qui est certes dommage pour ceux qui ne fréquentent pas ce média, mais d’un autre côté force est reconnaître qu’il est devenu bien pratique pour se faire connaître (et moins onéreux qu’un site Internet professionnel). Je préfère laisser ces liens-ci que ceux des quelques sites que j’ai pu trouver car ils sont plus régulièrement mis à jour, néanmoins j’essaierai sans doute de compléter mes sources dans les jours qui viennent.

Je dois admettre que mon goût pour le lolita survit surtout grâce au travail admirable qui se fait dans ces circuits plus confidentiels ; j’ai toujours vu dans cette mode une façon de s’exprimer, et les talents qui ne dépendent pas des aléas de production d’une marque très populaire ont moins de contraintes pour user de leur imagination. Tout ce bouillonnement monte lentement en France aussi, et là encore j’ai vraiment hâte de savoir ce qui en sortira. J’essaie d’être optimiste et je me dis parfois, heureusement, que le lolita a encore de beaux jours devant lui.

mardi 24 février 2015

CCXIV

Je viens pure et issue des purs vers toi, reine des pays chthoniens,
vers vous, Euclès, Eubouleus et tous les autres dieux immortels.
Car je fais vœu d’être de votre race fortunée.
Mais la Moire m’a domptée et les autres dieux immortels.
… et par l’astre flamboyant de la foudre
je me suis envolée du cycle au deuil profond, de souffrance.
De mes pieds rapides je suis entrée dans la couronne désirée.
Au sein de la Souveraine je me suis plongée, – la reine du pays chthonien.
De mes pieds rapides je suis entrée dans la couronne désirée.
« Fortuné et bienheureux, tu seras dieu et non plus mortel »,
chevreau tombé dans le lait. 
Lamelle d’or de Pétélia, issue des Mystères orphiques. 

Je suis tombée dans les Carnets des séances spirites de Victor Hugo, et je les dévore comme si ma vie en dépendait. Pas vraiment de lien avec la citation du dessus, si ce n’est le caractère mystique.
Je me sens submergée de poésie. Je réalise que le vers, pourtant l’une des formes les plus pures de l’écriture, contient finalement bien peu ; un simple dialogue, laconique, empli d’espérance, suffit. Fictif ou non, là n’est pas la question, seul le ressenti compte.

Tout grand esprit fait dans sa vie deux œuvres : son œuvre de vivant et son œuvre de fantôme.
La Mort à Hugo.

Dans le monde où tu es, la littérature a-t-elle quelque importance ?
— Elle est un écho.
Racine à Auguste Vacquerie.

La réputation est menteuse. C’est le Judas des idées martyres. 
Le Drame à Auguste Vacquerie.

Le monde naît, il s’éveille du chaos, son premier cri est un chant. Il n’a pas encore de poète, il faut plusieurs siècles d’oiseaux. Les rhapsodes sont les oiseaux. Homère est le poète.
La Critique à Auguste Vacquerie.

J’arrive bientôt au premier dialogue avec la Poésie, je ne sais vraiment à quoi me préparer. Sans doute vais-je mourir et renaître plusieurs fois – chacun sa vision de la petite mort, après tout.

vendredi 20 février 2015

CCXIII ~ La vie en rose et la tête dans les nuages

Comme à mon habitude, je m’attelle à mes projets de tenues pour gros événements rori au dernier moment, et comme d’habitude, je perds de ma motivation dans les dernières lignes droites. La faute au manque de temps sans doute, mais surtout à mon manque pathologique de concentration, mon esprit se sentant toujours prêt à vagabonder lorsqu’il est l’heure de se mettre au travail. 

Je me suis donc attelée à la construction d’un tableau d’humeurs pour me forcer à rester dans l’ambiance ; j’ai réalisé que cette pratique fonctionnait plutôt bien sur moi. Ouranie, me voici. 

Elsa Schiaparelli, 1937. Une nymphe des cieux porterait forcément cette veste. Je la veux.
Un nuage dans le Sagittaire
Dutch Love & Dutch Lover, Ashley Woodson Bailey
Jupiter vous regarde.
Une fabrique d’étoiles dans le nuage de Magellan.
Maria Von Oosterijk, Vanités, 1668
Voilà donc la ligne directrice de cette fin février : des étoiles, des fleurs, des crânes. Je comble mes envies de peinture flamande comme je peux, fantasmant une autre Renaissance, initiée par le sfumato de Léonard et les ombres mystérieuses du XVIe siècle… 


Bonus : atelier travaux manuels, avec la couronne de fleurs que j’ai confectionnée pour l’occasion.

mardi 17 février 2015

CCXII

Je suis partie un week-end à Rouen début janvier, et je n’ai même pas posté une ou deux photographies par ici.


C’est désormais chose faite.

Je passai de très bons moments là-bas, rencontrant ou revoyant des personnes qui m’apaisent, dans le décor d’une sublime vieille-ville médiévale, et le souvenir d'une délicieuse crêpe aux pommes sur les papilles. Jamais je n’avais visité Rouen, alors qu’elle est si proche de Paris !
(Ainsi, une vue de l'église Saint-Maclou au-dessus, le Gros Horloge en dessous.)

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Et sinon, j’essaie de concilier le mieux possible mes projets personnels avec…le reste ?


Je tease, je tease.

Je profite de ce bref article pour refaire un peu d’autopromotion sauvage, mon second Tumblr prenant un peu d’ampleur. Je ressens le besoin de donner au monde de belles choses mais je n’ai pas de grand talent ; je fais au mieux, et je travaille pour que ce mieux s’améliore sans cesse. N’hésitez donc pas à le suivre si le contenu vous plaît, me sentir soutenue dans cette petitesse allonge chaque jour un peu plus mes ailes.
La bête se trouve ici : Flowery Foam.

En attendant, pour un peu de beauté, reprenez quelques danseuses revues par Vivienne Westwood. Si si, j’insiste.

samedi 14 février 2015

CCXI ~ Takato Yamamoto : Pan-Exotica

Dans cette semaine ponctuée de fièvre et de quintes de toux – merci la grippe, j’ai enfin reçu un livre que je souhaitais acquérir depuis des mois sinon des années : un artbook de Takato Yamamoto.

À droite, donc.
Pan-Exotica, édité en 2006, est un superbe objet. Le papier est épais, la couverture faite d’un tissu moiré qui rappelle la soie sauvage, le tout enveloppé dans un étui de carton qui laisse apercevoir un saint Sébastien ; beau travail.

J’ai essayé de capturer les reflets de la couverture avec plus ou moins de succès.
Si je suis loin d’apprécier également chacune des illustrations de Takato Yamamoto, j’aime beaucoup la façon dont il mêle thèmes plutôt modernes (généralement érotiques ou d’horreur, mais pas que) à un trait teinté de tradition picturale japonaise (je trouve que cela se remarque surtout dans la composition de ses dessins). Il qualifierait lui-même son style comme « Ukiyo-e Pop ».
Je vous laisse donc avec quelques images tirées de ce livre (qui contient plus trash, mais ce n’est pas forcément ce qui me plaît le plus, donc…).

Extrait d’une fresque que je trouve incroyable, Scene from the Shimabara Rebellion, Amakusa Shiro Tokisada.
The Nightingale and the Rose Blossom
Saint Sebastian
J’ai baisé ta bouche Jokanaan
Sphinx (le sailor fuku revient souvent dans son travail)
Fresh Alteration

lundi 2 février 2015

CCX ~ Semblant de wishlist, la suite.

La communauté lolita a son marronnier de janvier (ô wardrobe posts dont le massif exhibitionnisme latent a tendance à me faire fuir), le mien se déroule en février. Voici donc ma troisième liste de souhaits annuelle. Celle de l'an passé est loin d'avoir été complétée avec assiduité,  mais mes envies ont tant évolué en un an que je ne regrette en rien ce qui fut laissé de côté. Repartons donc de zéro. 

L’Idéal

J’ai de la chance avec cette catégorie, complétée chaque année sans faille ; espérons que cela dure ! Cette photo figurait déjà dans une précédente liste, il y a deux ans, mais en modèle et non en absolu. À présent qu’elle me hante la nuit, tant en blanc qu’en bleu, elle a tout à fait sa place dans ce palais des sous-parties. 

La Parure

Cette catégorie a été la plus difficile à remplir tant mes envies en matière d’accessoires me semblent vastes. Y figurent ces broches car elles seront vraisemblablement les prochaines à molester mon compte en banque, tenue en prévision de l’Événement de février oblige. Mais je pourrais sans problème en lister une dizaine d’autres, au moins...! J’espère avoir le temps d’en créer plus, également (autre marronnier en ces lieux : la litanie créative).

L’indispensable

Je suis retombée sur cette photo au détour d’Instagram, le hasard étant parfois vicieux, et cela a ravivé ma flamme pour cette tenue complète. Je possède déjà le bustier, trouver la jupe devrait être faisable, non ? Non..? Même si je vous offre un biscuit ?

La Féérie

Statu quo depuis l’an passé, toutes les blouses à manches princesses qui se sont présentées à moi et qui me plaisaient étaient de polyester. Je veux du coton. J’attendrai. 

Le Dessin


Voici les fleurs de cette année, même si, me connaissant, je serai faible envers beaucoup d’autres...! Celles-ci me parlent pour leur ambiance folklorique. Cela se vérifie de jour en jour, les années passant ; je songe presque sans exceptions en termes d’ambiances. Derrière chacune de ces robes se cache déjà une alliance d’éléments divers, où se mêlent des embryons de bijoux, de textures et de senteurs. Et la robe d’où le dessin est tiré possède un potentiel incroyable. 

La Démesure

Eeeeet l’on applaudit le caprice de l’année ! Je veux une robe de mariée. Pour mon quart de siècle, je deviendrai une catherinette en longue robe blanche. Sainte Catherine, me voilà, et avec le sourire.

 L’Innocence

2015 sera l'année où j’assouvirai de vieilles envies. Robe légère aux chérubins, tu deviendras mienne.

L’Indécence

2015 sera également l’année de l’ero (?). Il est tout de même dommage d'aimer autant un style sans s’y consacrer...! 

La Contemplation

L’an passé, je franchissais définitivement la frontière des robes longues des années 1970. Je m’y suis perdue et n’en reviendrai jamais. Unies, à motifs floraux, tribaux ou complètement psychédéliques, j’espère qu'elles continueront à envahir ma penderie.

La Folie

Je n’ai plus qu’un pied dans le lolita, mais cette robe mérite sa place ici. Elle est trop tout ; trop exubérante, trop immature, trop pâle ; trop le lolita que j’admire encore chez les autres mais que je ne me vois plus du tout porter. Je la vois comme une sorte de défi, mais doute réussir à me l’approprier plus d’une fois. Marie-Antoinette, douce folie de l’année à venir, qui sait. 

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Finalement le lolita est toujours plus ou moins présent ici, on n’en sort sans doute pas si facilement. Mes goûts ont définitivement évolué, la silhouette courte ne me correspond plus vraiment ; je rêve de longueur et de tissus précieux. Et enfin j’accepte de vagabonder d’un style à l’autre sans me poser trop de questions ; désormais je me rangerai sereinement parmi les assembleurs de nuées, et je peuplerai mon armoire de mille tableaux parfumés. 
Transparent White Star