vendredi 28 août 2015

CCXLIX ~ Larme no merancholy

Photographe : Charlotte Skurzak
MUA : Ouiche Laurene
Modèles : Clothilde Jea, Chloé ‘Chieko’ Vretman et, euh… mince, j’oublie toujours son nom.


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Il me semble que ce qui me touche le plus, dans tous les styles japonais que j’affectionne, c’est le rejet de l’approbation masculine sur le vêtement. Comme le dit mon ex-idole la belle Risa Nakamura :


Je n’ai jamais conçu la féminité, et tous les codes qui gravitent autour, comme arme de séduction, mais comme moyen d’enchanter un peu mon quotidien. C’est ce que j’aime dans ces séries de photos, vaporeuses et écœurantes à la fois : qu’elles fussent femmes-enfants ou femmes fatales, ses personnages se suffisent à elles-mêmes, dans leur spleen d’une décadence sirupeuse. Ah ! J’attends le À rebourg du XXIe siècle, avec des dentelles et des fanfreluches partout. Et du thé.


Vous pouvez en voir plus sur le site de Charlotte (le lien se trouve en haut du billet), en attendant que je poste à mon tour la série complète sur mon Tumblr (bientôt, bientôt !).

jeudi 27 août 2015

CCXLVIII ~ Ombres d’été

L’un des Neuf dragons de Chen Rong, ~1244.
Mon voisin Totoro
Le soleil brûlant a certes son charme, mais que dire des forêts humides et luxuriantes, des jours de pluie et d’orage, des constellations les nuits sans nuages, et de l’onde sur la peau nue ?

Manuel Orazi, Le Calendrier magique (août).
Foggy morning light, Denny Bitte.
Children of Corn, Marie Tuonetar.
Oe Nothera

(L’illustration de droite est de Kristin Baugh Shiraef.)

Illustration de Hutchinson’s Splendour of the Heavens, 1923

lundi 24 août 2015

CCXLVII ~ Breloques

Ce matin, un beau rayon de soleil traversa ma fenêtre (je suis obsédée par mes fenêtres, en ce moment), et je décidai donc de photographier des choses réalisées voilà plusieurs mois et non partagées ici pour des raisons aussi variées que l’oubli, la paresse, et encore l’oubli.
Tout ceci fut réalisé au printemps dernier, et me semble quelque peu hors saison à présent, mais enfin… !

Une musique de saison pour un article hors-saison. Il faut bien rétablir l’équilibre.

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Oui, des teintes pastel, oui, des coquillages. Mon amour pour le thème des sirènes va probablement devenir incontournable, chaque fin de printemps. De la dentelle, des perles de cristal brodées, et du quartz rose : ces boucles d’oreilles devaient normalement être accompagnées d’une pièce plus ambitieuse (un bustier) que je n’ai pas eu le temps de réaliser jusqu’au bout, et qui dort donc dans l’un de mes (trop) nombreux sacs de travaux en cours. La suite en mai prochain, j’imagine. En tout cas, ces boucles furent très amusantes à réaliser, et détonnent quelque peu au milieu de tous mes chapelets et bijoux macabres, ce qui leur donne un certain charme (non ?). Cherchez l’intrus : il se cache sous la coquille de nacre.

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Cette autre paire de boucles d’oreilles est ma première réalisation en résine, et ce qui ne devait être au début qu’un simple crash-test se révéla finalement assez sympathique ; j’ai donc ajouté quelques perles de verre nacré et de quartz rose à mes compositions, préalablement vernies pour leur donner un aspect un peu plus cristallin. Elles me plurent même tant que je finis par les porter lors de la Doll Classica organisée ce début d’été, elles se mariaient bien au thème que je choisis en catastrophe pour ma tenue.

Le thème de la nymphe donc, pas prévisible pour deux sous.
Leur légèreté, tant dans leurs volutes que dans leur poids, me fait penser à une sorte d’écume figée, ce qui explique sans doute pourquoi je les aime bien malgré leur aspect bijoux de pacotille. Malgré tout, cela reste un premier essai dans une technique de création que je maîtrise très mal, et elles possèdent donc pas mal de défauts… qui renforcent cet aspect aquatique et hasardeux que j’affectionne. Faiblesses se muant en qualités : voilà qui est pratique !

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La pièce de résistance, une tannée à photographier d’ailleurs (c’est que ça brille !) : des fleurs séchées puis recouvertes de résine. C’est pour ce projet que je voulais me lancer dans cette technique, mais je suis encore loin d’être satisfaite. De petites imperfections se sont logées entre la fleur et l’enduit, leur donnant un aspect poussiéreux qui ne me plaît qu’à moitié, les fleurs se sont recroquevillées alors que je les tartinais, et se sont ternies en même temps (elles étaient d’une belle couleur bordeaux avant traitement), mais il me tarde de renouveler l’expérience ! Je les ai rehaussées de perles d’améthyste, les couleurs se répondent joliment me semble-t-il. J’ai tout de même choisi de les montrer ici pour laisser une trace de ce premier essai, qui n’est pas non plus un fiasco, juste très largement perfectible.

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L’arrivée de l’été m’a glissé d’autres projets en tête, influençable que je suis par les saisons, et avec l’automne qui approche, je ne suis pas prête de finir quoi que ce soit avant un bout de temps *rire amer*. Le projet auquel je me consacre ces derniers jours est une broderie sur une robe Voriagh que j’espère achever d’ici fin septembre. J’y crois dur comme fer. Si, si.

Cette robe-ci, d’ailleurs.

vendredi 21 août 2015

CCXLVI ~ Un soir, au mois d’août.


Je veux créer des bijoux avec des morceaux de poupées, surtout des mains, des doigts, peut-être des yeux et des pieds, comme ces superbes pendentifs de Silver Star. Et des os, et de petits squelettes…

Avec, bien sûr, le but ultime, le bijou Art nouveau.
Il m’est de plus en plus difficile de concilier mes envies esthétiques avec le vêtement : j’en veux toujours plus. J’ai besoin que mes vêtements racontent quelque chose, par un imprimé, une broderie, que sais-je. Je suis prise d’une frénésie de dentelles, de perles, et de fleurs de soie, pour tout m’approprier ; je regarde ma penderie, rajouterais bien un motif ici, une fronce là ; avec le chemin que prend l’évolution de mes goûts, à trente ans (et encore !), la robe à la française me guette. Et exister, au fur et à mesure que la vie se révèle pleine d’attraits, devient de plus en plus compliqué. La liste des possibles ne fait que s’allonger ! Comment suis-je censée suivre, avec mon métabolisme de mortelle ?

Costume pour Neigilde de Jean Lorrain.
Si l’on est rigoureux, tout devient prétexte à l’exacerbation de la rêverie. Une tisane. Une étoile. Un vêtement, donc. Je regarde ma penderie, et je la trouve désespérément plate, sans doute parce qu’elle n’est que trop le reflet de ma vie quotidienne. Comment devient-on l’incarnation de la fuite ? Comment, tous les jours, se muer en astre ?

(Robe Valentino à gauche, début des années 30 à droite.)

« Car je n’ai pas vingt-cinq mille francs de rente, moi, et je prends le tramway, tout comme mon concierge. Hé bien ! Cette perspective de cohabiter, ne fût-ce qu’une heure par jour, avec des hommes à tête de pourceaux et des femmes à profil de volailles, hommes de loi pareils à des corbeaux, voyous aux yeux de loups-cerviers et trottins de modistes à face aplaties de lézards, cette promiscuité forcée avec tout l’ignoble, l’innommable de l’âme humaine remontée soudain à fleur de peau, cela est au-dessus de mes forces ; j’ai peur, comprends-tu ce mot ? J’ai peur ! »
Jean Lorrain, Le Possédé.

Ah ! Qu’il est dur de composer avec les impératifs de la modernité, du confort, de la routine. Alors que la vie, finalement, pourrait n’être que cela :


Mais les méduses ne connaissent pas la poésie. C’est ce qui me sauve de l’envie d’être constituée à 99 % d’eau. Je me console, aussi, en me disant que je suis bien chanceuse, car mon quotidien se compose de personnes capables de remonter plusieurs étages en trombe juste pour déposer au creux de mes mains une superbe araignée.

Je continue de croire que la beauté niche partout, même dans les tramways, mais qu’il faut savoir s’en montrer digne. C’est bien là le plus ardu.

Au moins, je sais à quoi vouer mon existence.

Et en cette fin de semaine, je broderai sans doute beaucoup de perles.

lundi 17 août 2015

CCXLV ~ Des poupées, un trio d’or et du noir et blanc.



Angeline Bertron, Charlotte Skurzak et moi-même faisons partie de la belle liste d’invités du Modern Doll Fest qui aura lieu le 29 août à Nancy. Se retrouver exposant parmi Atelier Pierrot et Maruka, ce n’est pas rien, alors nous avons décidé de préparer une séance photo spécialement pour l’occasion, dont voici un petit aperçu. 
Nous proposerons également sur notre stand des créations de Crescent (avec, qui sait, quelques exclusivités également !) d’Élégance sucrée, ainsi que des illustrations de Messalyn (dont deux originaux disponibles à la vente). 
Ainsi, si vous faites un petit tour par la Lorraine en cette fin de mois d’août, n’hésitez pas à venir nous dire bonjour !

Quelques informations pratiques :

Modern Doll Fest

Samedi 29 Août 2015 de 14 heures à 19 heures
Domaine de l’Asnée, 11 Rue de Laxou,
54600 Villers-lès-Nancy

Tarif : 7 euros l’entrée. 

mercredi 12 août 2015

CCXLIV ~ Retour de vacances, II

Mais je repars bientôt, ou je dépéris.


Un haïku du poète Shiki.
En attendant l’orage (pas un seul orage vu cet été, même dans les régions tourmentées du Midi, je m’insurge en levant les bras vers le ciel, car je sais que ceci, au moins, changera les choses), mes soirées ont le goût du thé blanc et des fleurs de pêcher, et j’écoute cette chanson en boucle : mes nouveaux voisins doivent déjà me haïr.


J’ouvre la fenêtre, et j’entends les grillons chanter. Mes fenêtres sont presque toujours ouvertes la nuit, maintenant. C’est délicieux. Délice sera sans doute le mot qui représentera à jamais ces vacances d’été dans mon esprit, entre les calissons, les fleurs d’hibiscus confites, les loukoums, mais pas que, évidemment. Rendons justice à l’œuvre laissé par la nature et par les poètes.

«  Ce fut alors qu’une lumière lointaine vint resplendir au milieu du visage. Dans le jeu des reflets, au fond du miroir, l’image ne s’imposait pas avec une consistance suffisante pour éclipser l’éclat de la lumière, mais elle n’était pas non plus incertaine au point de disparaître sous elle. Et Shimamura suivit la lumière qui cheminait lentement sur le visage, sans le troubler. Un froid scintillement perdu sans la distance. Et lorsque son éclat menu vint s’allumer dans la pupille même de la jeune femme, lorsque se superposèrent et se confondirent l’éclat du regard et celui de la lumière piquée dans le lointain, ce fut comme un miracle de beauté s’épanouissant dans l’étrange, avec cet œil illuminé qui paraissait voguer sur l’océan du soir et les vagues rapides des montagnes. »
Yasunari Kawabata, Pays de neige. (Pas vraiment de saison donc, mais enfin.)

mardi 4 août 2015

CCXLIII ~ Sténopé


Durant mes formidables vacances (le retour à la réalité parisienne sera décidément toujours aussi déchirant), j’ai eu la chance de collaborer avec le photographe Alexandre Do Rosario, qui en plus de faire de superbes portraits de femmes dévêtues est un passionné à la conversation très enrichissante. Il travaille directement avec une chambre photographique et révèle donc ses images juste après les avoir prises, ce qui bouleverse à la fois les habitudes de poses et le rapport à l’image qui arrive… en négatif.


Je trouve vraiment amusant de présenter  le cliché à la fois tel qu’il sort dans la chambre noire et son contraste en noir et blanc « traditionnel » ; ce qui présente un intérêt esthétique sous l’une de ces deux formes n’en présentera pas forcément dans l’autre, et il faut alors jongler à l’aveuglette avec les compositions que l’on se représente, en couleurs de surcroît ! Voici donc un joli travail d’équilibriste, d’apprenti sorcier, bref, d’œil de photographe.

Ma favorite. Je la trouve très réussie quels que soient ses contrastes.
Si je trouve déjà ce procédé très intéressant sur le corps en lui-même, je pense qu’il doit se révéler tout aussi fascinant si on lui ajoute des effets de matières, de motifs, de drapés, et tous les jeux d’ombre et de lumière qu’ils supposent. Sans doute est-ce pour cela que mon image préférée est celle qui se trouve juste au-dessus. Bref, je sortis vraiment enjouée de cette rencontre, avec beaucoup de nouvelles perspectives en tête.


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(Je n’aurai écouté quasiment que du baroque ces quinze derniers jours, alors je vous en fais profiter aussi.)
Transparent White Star