Ces derniers jours, j’ai donc rendu visite à mon amie Shimi en terres bretonnes. Je n’avais posé le pied en Bretagne qu’une seule fois, il y a déjà près de quinze ans ; c’était donc l’occasion pour moi, en plus de revoir une excellente amie, de faire de nouvelles découvertes.
(Par exemple, cent, en breton, se dit kant. Je savais déjà que « dentelle » se disait kant en flamand, je peux donc aujourd’hui fièrement baragouiner Kant kant Kant, que je traduis par « Les cent dentelles de Kant », et qui à défaut de vouloir dire quelque chose a le mérite de me faire beaucoup rire.)
Ainsi, je suis arrivée à Quimper après un trajet assez chaotique et éprouvant de plus de six heures, mais Sa-Shimi a su trouver les mots pour me remettre d’aplomb malgré la fatigue du voyage.
Ainsi, je suis arrivée à Quimper après un trajet assez chaotique et éprouvant de plus de six heures, mais Sa-Shimi a su trouver les mots pour me remettre d’aplomb malgré la fatigue du voyage.
« Allez viens, je t’emmène voir la mer. »
La mer, évidemment, la mer ! Ou l’océan, qu’importe. Je réalisais mal que la dernière étendue d’eau salée que j’avais pu voir était ce Pacifique glauquissime du littoral touristique japonais, et que cela faisait déjà un an et demi que je n’avais pas au moins glissé mes chevilles entre les vagues. Le temps de dîner, de laisser place aux cajoleries des retrouvailles, de flâner un peu dans les rues de Quimper, et la nuit avait depuis longtemps recouvert le ciel de son voile de ténèbres. Nous sommes parties pour Bénodet vers minuit. Je trépignais.
Pour notre première rencontre, l’Océan et moi sommes restés assez timides, le goujat s’est même montré glacial ; j’essayai d’y plonger mon pied dénudé, mais la morsure du froid me fit vite retourner sur le sable. Se mouiller à une heure du matin dans l’Atlantique au mois de mai, me dit Shimi, quelle idée ! Je fus trop gourmande. Mais les parfums qui m’entouraient m’enivraient déjà. Et alors que nous nous promenions le long de la plage, la lune nous berçait de sa rondeur, et ses douces lumières donnaient vie au gouffre aquatique qui se tenait devant nous, éveillant les vagues subtiles, les recouvrant des étoiles que l’on ne voit plus dans les ciels gâtés par les lueurs urbaines. Ce séjour m’offrait déjà plus que de lointaines promesses.
Nous vîmes trois renards trottiner le long des routes.
Et des scarabées. Des dizaines de scarabées. Je me demande bien d’où ils sortaient, ceux-là.
Le lendemain, toutes de noir vêtues sous un soleil flamboyant, nous sommes allées manger des crêpes. Je me suis décidée pour une garniture faite d’algues et de fromage, c’était vraiment délicieux. Je suis faible face à l’iode. Et nous avons continué à visiter la ville, dont la cathédrale Saint-Corentin (aux gargouilles parfois surprenantes), et le musée départemental breton (avec de belles statues de bois et des broderies traditionnelles).
J’ai obtenu certaines réponses à des questions que je ne m’étais jamais vraiment posées sur le costume traditionnel breton, à savoir la nature de la coiffe selon la région de Bretagne où l’on se trouve ou encore les différents types de broderies utilisés, ce fut très instructif.
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Mais avant tout, un coupe-gorge quimpérois. |
Nous vîmes trois renards trottiner le long des routes.
Et des scarabées. Des dizaines de scarabées. Je me demande bien d’où ils sortaient, ceux-là.
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Une première vue de la ville le jour. |
(Un peu de cathédrale.)
J’ai obtenu certaines réponses à des questions que je ne m’étais jamais vraiment posées sur le costume traditionnel breton, à savoir la nature de la coiffe selon la région de Bretagne où l’on se trouve ou encore les différents types de broderies utilisés, ce fut très instructif.
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Un bas-relief en albâtre du XVe siècle, qui représente un couple royal. |
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« Hein qu’ils sont meilleurs que ceux de Ladurée, hein. » |
Nous sommes ensuite retournées à la plage, celle de l’Île-Tudy cette fois. La marée était haute, le sable coupant (la nacre est sournoise), on se serait difficilement crues en Bretagne si l’eau n’avait été si froide. Mais après avoir couru et sauté entre les vagues, résister à leur appel devint de plus en plus ardu. « Qu’importe…! » est sans doute devenu ma nouvelle phrase de prédilection. Adieu robes d’été, et tant pis si l’onde mordait le mollet un peu trop vivement.
Sentir la pression et le remous de la mer contre ma peau est véritablement l’une des sensations que je préfère au monde (et, pour citer Shimi, en réponse à mes insupportables pâmoisons : « Et dire qu’on vient de cette merde ! »).
Le lendemain, nous avions décidé d’aller visiter le château de Kerjean, un château finistérien du XVIe siècle qui abrite en ce moment une exposition sur la nourriture à l’époque de la Renaissance.
Sur le chemin, en voiture, nous sommes tombées par hasard sur l’église de Bodilis, une merveille de gothique breton, avec sa façade de granit, son cimetière paroissial, et son décor superbe en bois peint plus que kitsch.
Nous ne nous attendions vraiment pas à trouver une aussi belle construction sur le trajet, nous nous sommes arrêtées là par hasard après avoir vu le clocher par la fenêtre de la voiture. C’est ce que j’apprécie, dans ce genre de voyages. La flânerie que permet le monde moderne est fascinante. N’importe qui peut décider de se perdre dans un lieu ou dans un autre, avec une relative sécurité (dans le monde occidental, du moins), découvrir paysages et monuments avec tout le plaisir de l’errance et de l’imprévu.
Et après une heure de route, le château !
D’après ce que j’ai compris, Kerjean a été minutieusement restauré à la fin du XXe siècle, après de longues décennies de tourmente. Les propriétaires terriens ne sont pas toujours tendres avec leurs biens ! Le musée en lui-même est assez ludique, avec beaucoup d’effets visuels, des vidéos, du contenu interactif ; en règle générale j’ai tendance à trouver ces pratiques lourdes et infantiles, mais ici ces méthodes étaient vraiment bien gérées et utilisées. L’exposition sur la nourriture était amusante et bien fournie. J’y aurai appris qu’à l’époque, le poulet se mangeait bouilli, les huîtres rôties, et la salade confite…
Mais enfin ! Il se faisait tard, et je n’avais toujours pas vu la moindre vaguelette. Shimi avait prévu de m’emmener à Sainte-Anne-la-Palud, une plage assez proche de Quimper, et seul souvenir breton que je garde de mon enfance ; des kilomètres de dunes et de sable fin, et des couchers de soleil éblouissants.
Je ne sais si la fibre nostalgique fut la cause de mon émerveillement ce jour-là, mais cet après-midi restera l’un des plus idylliques que j’ai passés. L’océan, calme et plat, s’était gorgé de la chaleur du soleil, et son eau était délicieuse.
Nous plongeâmes avec plaisir, dérivâmes assez loin de la côte, nous éclaboussâmes, jouâmes, rîmes encore et encore, toutes à notre joie d’être ensemble dans un si joli lieu (et au passage, dites bonjour à la maison de mes rêves).
Mais enfin, mesdemoiselles ! N’en avez-vous pas eu assez ? L’air marin n’a-t-il pas suffi à vous épuiser, vous en fallait-il encore plus avant de trouver le sommeil ?
Non, la nuit des musées tombait ce soir-là, alors nous sommes parties visiter le musée des Beaux-Arts de la ville. Party hard au milieu des tableaux jusqu’à minuit et demi, ne manquait que le champagne (ou le chouchen, soyons beaux joueurs).
Et en rentrant, épuisées mais heureuses, nous avons échoué devant Devdas, mon premier bollywood (aussi surprenant que cela pourrait paraître pour une vendue aux rêveries indiennes comme moi). Avec du sirop de rose et de la limonade.
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Joie ! |
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Le lendemain, nous avions décidé d’aller visiter le château de Kerjean, un château finistérien du XVIe siècle qui abrite en ce moment une exposition sur la nourriture à l’époque de la Renaissance.
(Cette robe est décidément partout sur mon blog en ce moment. Mais en même temps, elle le mérite.)
Sur le chemin, en voiture, nous sommes tombées par hasard sur l’église de Bodilis, une merveille de gothique breton, avec sa façade de granit, son cimetière paroissial, et son décor superbe en bois peint plus que kitsch.
Nous ne nous attendions vraiment pas à trouver une aussi belle construction sur le trajet, nous nous sommes arrêtées là par hasard après avoir vu le clocher par la fenêtre de la voiture. C’est ce que j’apprécie, dans ce genre de voyages. La flânerie que permet le monde moderne est fascinante. N’importe qui peut décider de se perdre dans un lieu ou dans un autre, avec une relative sécurité (dans le monde occidental, du moins), découvrir paysages et monuments avec tout le plaisir de l’errance et de l’imprévu.
Et après une heure de route, le château !
D’après ce que j’ai compris, Kerjean a été minutieusement restauré à la fin du XXe siècle, après de longues décennies de tourmente. Les propriétaires terriens ne sont pas toujours tendres avec leurs biens ! Le musée en lui-même est assez ludique, avec beaucoup d’effets visuels, des vidéos, du contenu interactif ; en règle générale j’ai tendance à trouver ces pratiques lourdes et infantiles, mais ici ces méthodes étaient vraiment bien gérées et utilisées. L’exposition sur la nourriture était amusante et bien fournie. J’y aurai appris qu’à l’époque, le poulet se mangeait bouilli, les huîtres rôties, et la salade confite…
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Les jardins du château vus d’une petite fenêtre. |
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Les cuisines… Oui, j’aime ce genre de plans. |
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(=^● ⋏ ●^=) |
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Un peu de vaisselle. |
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Ah ! Si j’étais riche… |
Je ne sais si la fibre nostalgique fut la cause de mon émerveillement ce jour-là, mais cet après-midi restera l’un des plus idylliques que j’ai passés. L’océan, calme et plat, s’était gorgé de la chaleur du soleil, et son eau était délicieuse.
Je suis rentrée chez Sa-Shimi mon chapeau plein de sel et de coquillages.
Et nous sommes passées par Locronan au retour. |
Non, la nuit des musées tombait ce soir-là, alors nous sommes parties visiter le musée des Beaux-Arts de la ville. Party hard au milieu des tableaux jusqu’à minuit et demi, ne manquait que le champagne (ou le chouchen, soyons beaux joueurs).
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Jean-Honoré Fragonard, La Perte de la rose (1760). Ces petits amours, quels tombeurs. |
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Hubert Robert (sic), Fête de nuit à Trianon (1783 – bientôt, ça allait moins rigoler). |
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Fernand Lequesne, La Légende de Kerdeck (un titre qui sent bon le Bretagne, donc). |
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Mon préféré : Tempête sur les côtes de Belle-Île (1851), de Théodore Gudin. |
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Et un joli vase qui traînait par là (« Well hello, lovely. ») |
J’ai cosplayé Shimi pour l’occasion. |
Je m’arrête ici pour cette fois, à venir, une balade en bateau et une belle rencontre avec Ichi/Otome !