lundi 4 mai 2015

CCXXX ~ Brume : Marie-Antoinette, le Déclin.


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Ah, Maria, où s’est donc envolée l’insouciante, la puissante ? Celle qui d’un regard obtenait perles et fleurs, dont le goût assuré rendait pâlissantes les Cours étrangères, son ennui patronnant les arts…
Te voici, la poitrine déchirée, le cœur aux abois. L’eau sourde dans le bois de Versailles, et l’humidité ronge tes os délicats. La calomnie a achevé l’œuvre du caprice ! Et maintenant, le peuple est en marche. Sens comme ta couronne est lourde des cris de tes sujets ! Ils réclament déjà ton crâne ; bientôt l’Autrichienne dansera sur la pique.

Rappelle-toi ces étés où la solitude apaisait tes frivoles appétits, où la nuit, dans son étreinte, tombait sur ton domaine… Tu reniais, souriante, le tourment d·un peuple, préférant poser les yeux sur l’Amour qui repose dans son temple, le marbre bleuissant sous les étoiles. La Reine fut oubliée, sacrifiée sur l’autel de la langueur, et le vent, faisant danser ta longue robe blanche, portait les effluves d’un soir de bal, où l’encre du désir vint teinter tes joues de son encre subtile…

Mais tu ne sais garder ton masque, Antonia ! Ton cœur ploie et, doucement, tu fléchis.

La Reine réclame à présent ses droits, et tu sens sa main, déjà rongée par le sépulcre, te glacer la nuque. Elle te montre ton nom sali par tes extravagances et gangrené par la haine. La  fenêtre où tu t’appuies, regardant tomber la pluie, grince affreusement, et les souvenirs d’été disparaissent sous la vermine.

Les ombres s’unissent dans un parfum d’orage, et, lasse, tu détournes le regard, soumise à l’oracle funeste que la pluie de juillet chante pour toi.

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Je me sens tellement fière d’avoir représenté le travail de Clara dans cette superbe robe qu’il fallait bien que je lui dédiasse un article ! Marie-Antoinette est une figure un peu particulière pour moi, mes parents m’ayant donné ce royal patronyme comme deuxième prénom. J’ai grandi entre deux lectures de la biographie de Zweig… Sans aller jusqu’à ressentir de grande tendresse pour ce personnage tragique, je me suis quelque peu attachée à son histoire, comme à une sorte de legs parfois encombrant.

Ces instants cruels où Marie-Antoinette se ressaisit dans sa dignité de reine, alors qu’elle lui est soudain refusée, sont ceux que je préfère si je lis sa vie comme un roman. Quelle ironie, tout de même, que de se souvenir de ce que l’on possède à l’instant où on le perd à jamais. Elle sut se battre lorsque sa cause fut perdue, avec cette opiniâtreté fascinante des souverains déclinants… pour devenir des siècles plus tard héroïne romantique !

Incarner ce luxueux spleen n’est pas une mince affaire. Il fallait tout le talent de Clara pour lui donner une âme. Et donc, ma menue carcasse. J’espère avoir été à la hauteur…!

Voici ce que nous en dit Clara : « Cette […] "version" de la Reine évoque ses derniers moments à Versailles, entre solitude, nostalgie et résignation. Grâce notamment au maquillage, j’ai voulu illustrer l’inquiétude et la peur qui peu à peu commencèrent à la parcourir puis à l’envahir, comme un masque s’étendant sur son front, un destin funeste qui peu à peu rampe le long de ses doigts, de ses mains, portées à son cou. Encore une fois j’ai désiré marquer un paradoxe entre ces sombres émotions et la couleur pastel du maquillage ou de la robe. »

Je vous invite à lire son propre article sur cette Marie-Antoinette déclinante, avec en plus de précieuses informations sur le processus de création et les inspirations propres à cette robe. Et n’oublions pas Alexandra, Margaux et Vanessa, sans qui rien n’aurait été possible non plus !

2 commentaires:

  1. Ça fait plusieurs semaines que je vois des photos de cette série lasser et à chaque fois je suis sans voix. Tu es tellement belle et cette robe te va tellement bien ! Clara a bien choisis sa Marie-Antoinette~

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    1. Merci beaucoup May é_è ça me touche, ce que tu dis là !

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