samedi 6 juin 2015

CCXXXIV ~ À moins de trois semaines du quart de siècle.

Ces derniers jours, je passe mon temps en compagnie de quelques lubies.

(J’en blâme Nicolai, à tort ou à raison.)

 Malheureusement, on ne fait pas toujours ce que l’on veut dans la vie.

Heureusement, mon anniversaire approche.

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Si je devais lancer mes caprices au ciel en espérant que la Fortune les recueille, je me demande bien si j’en sortirai chanceuse. Mes souhaits sont décousus, erratiques.
Disons que, par exemple, j’aimerais passer cette date fatidique perdue sur une île du Pacifique, la chevelure lourde de tubéreuses encore inconnues, à marcher sur une plage de sable noir… croiser une ombre qui m’indiquerait une route invisible, camouflée par des herbes gigantesques, au bout de laquelle je trouverai une noix de coco fendue, emplie d’un thé millénaire dont on ne peut boire qu’une gorgée sous peine de devenir fou.
(Je ne sais si je serais capable d’obéir.)

Et, pour mes 25 ans, j’aimerais que l’on m’emmène sous une cascade d’eau de rose qui transforme chaque cicatrice en pétale d’or, et chaque veine du corps en améthyste. 

Bref, mon quart de siècle serait délicieux si je pouvais m’extraire, pour un jour ou à jamais, de ce qui empoisonne l’homme contemporain. Je produis des dizaines de ces rêveries par jours, qui ne servent à rien, qui s’évanouissent dans le tombeau des idées, et, pour me punir d’espérer, l’existence m’écrase.

 « Loin de moi, ô joyeuse comme la fleur qui danse dans la rivière au bout de sa tige aquatique, ô triste comme sept heures du soir dans les champignonnières. » (Desnos.)


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Si je devais être réaliste (tu parles), je me contenterais d’une pièce saturée des vapeurs du matcha ou du basilic, un parfum frais mais obsédant, avec des livres, des centaines de livres, des livres sur tout, déposés là par hasard ; planches entomologiques, gravures religieuses, poésie obscène, romans sentimentaux, récits de guerre et d’aventure, manuels de linguistique et philosophie occulte ; et j’aurais le droit de conserver éternellement tous ceux qui provoqueraient chez moi un sourire d’extase. 
Au centre, une méridienne recouverte de soie pourpre, pour lire tranquillement ; contre ma peau une robe de velours, à la traîne démesurée, et un couple de lucanes ébène jouerait dans mes cheveux.
Des litres de thé dans des samovars rutilants, et pour seule musique celle d’une fontaine où nageraient quelques carpes, et d’où émergeraient quelques lunes d’eau.

Ah… !

Mais à dire vrai, l’opulence ne me tente pas réellement. Elle est une simple façon de voyager. Comme la solitude.

« Loin de moi, une étoile filante choit dans la bouteille nocturne du poète. Il met vivement le bouchon et dès lors il guette l’étoile enclose dans le verre, il guette les constellations qui naissent sur les parois, loin de moi, tu es loin de moi. » (Desnos, toujours.)

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Dès lors, s’il me faut vivre dans ce monde où la matière s’est imposée en maîtresse absolue, je dompte le mal en allégeant ma bourse. Je me suis gâtée, pour mes 25 ans. Peut-être trop ; un quart de siècle est-il vraiment l’occasion de célébrer le gâchis ? Folie du cycle des incarnations, vite ! que j’apprenne ma leçon, et que je m’enfuie.

Avec de belles nouvelles chaussures aux pieds. Merci Jeffrey Campbell. Remercions aussi Atelier BOZ, Juliette et Justine, Moi même Moitié, et quelques inconnus sur Etsy. Alice Auaa attendra encore un peu ; je ne suis pas Crésus, non plus.

2 commentaires:

  1. Non mais au vu de tes desiderata.. je vais garder mon cadeau tout nul hein ç_ç

    (et sinon très bon choix de chaussures!)

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    1. Tant que c'est offert avec amour, tu sais, une cacahuète me comble de joie.

      (Et merci !)

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