mardi 13 octobre 2015

CCLXIX ~ Madonna caduta

La madona decaduta del suo trono d'oro e canti camina nella noce nera e fredda. Gli uccelli nascondenti nei suoi capelli chiacchierano, le sue lacrime per bibite. (Angeline B.)

Maquillage, stylisme, direction artistique : Angeline Bertron


« Ave Maria Gratia Plena » récite, languide, une silhouette en deuil face au cierge consacré, l’œil infirme révulsé dans l’extase.
« La première métaphore, c’est le tombeau ! On y a tracé le repos éternel avant de savoir le lire, et confondu la délivrance avec le Salut. Les lâches s’y blottissent pour ne plus craindre l’ailleurs, et leur descendance s’étouffe dans les vapeurs de l’encens, croyant là payer la dîme, alors que le corps des méchants, jeté dans une vulgaire fosse, se dessèche sans personne pour les pleurer.
Oh, lui ! J’eus peur pour son âme. Je l’entendais prêcher, sur le parvis, et les fidèles le huaient si fort que je portais mes mains aux oreilles pour ne plus rien entendre. La pierre l’atteignit au crâne, juste au-dessus des yeux. »


« Les justes se précipitèrent avant qu’il ne s’affaissât complètement, et se disputèrent l’honneur de jeter au caveau le vieux chien fou désormais crevé. Il cherchèrent de l’or jusque dans ses dents, mais ne trouvèrent rien, alors ils le saisirent pour l’emporter, et le tourbillon me frôla. Je vis le visage déformé par le choc, la béance du front encore sanglante. Les bras et les jambes brisés par la foule ballotaient en des angles extravagants. Santa Maria ! Tu vis le miracle, alors que je restais immobile au sein de la fièvre ; tu le vis ouvrir grand ses yeux aveugles, et l’or couler de ses prunelles de plomb. »


« La nuit venue, il me visita ; moi ! Il marchait sur ses genoux éclatés, le crâne à la main. Dans sa gloire d’outre-tombe, je perdis les yeux ; ils fondirent sur mes joues, et pourtant je voyais toujours. Il me tendit son fardeau : dans l’une des orbites chantait le rossignol, et les anges, tout autour, formaient le divin Triangle. 
Nul ne croira le songe de la vierge, Santa Maria, et les roses de ma mantille finiront calcinées sous la chaux. Mais je garde encore le crâne, et nous irons ensemble, à la chute du jour, danser chez les incrédules. »
 

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Voici donc (longtemps après…) les quelques photos que le Trio d’or réalisa pour le Modern Doll Fest de Nancy. Nous étions parties sur quelque chose de très lolita dans la silhouette et le choix des vêtements (saurez-vous démasquer les éléments de Moi-même-Moitié qui se cachent ici ?), et puis finalement le résultat final en est plutôt éloigné, ou plutôt, il a su en garder le principal. C’est assez proche de mon état d’esprit actuel, où mon petit plaisir coupable est de me vêtir avec le plus d’éléments rori possible tout en m’éloignant le plus de son carcan. Mais mon coup de cœur principal de cette séance reste la finesse des broderies d’Angeline, qui donnent un aspect encore plus décadent à la scène finale.

D’autres séances aux esprits bien différents devraient arriver ici dans le cours du mois, si je parviens à m’organiser enfin convenablement…

2 commentaires:

  1. Le résultat final est très empesé, même pour du Lolita, pris à son propre jeu. Mais ça se justifie parfaitement, il faut des tonnes de tissu pour absorber cette ambiance enfumée, façon anti-appartement de fumeur. Et le voile maison est absolument superbe ! Ce que j'apprécie car pour l'instant, ceux qui semblent le mieux rendre la sobriété et les inspirations religieuses dans le Lolita me paraissent toutes être des marques indies chinoises, ce qui me laisse toujours sceptique sur l'éventuelle qualité de la réalisation.
    Et je partage totalement cette volonté d'utiliser autant que possible ses pièces lolitas peu importe les conditions ! Hier je me suis aperçue que mes sneakers péruviens étaient de la même couleur que ma jupe Halloween de Btssb…
    Des séances aux esprits. Bien joué.

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    1. Tout comme toi, j'hésite à me lancer dans l'achat d'un de ces voiles MIC, surtout que j'essaie autant que possible de ne rien acheter MIC (dit celle qui s’est laissé tenter par une robe Card Captor Sakura, les Magical Girls savent vraiment parler aux pires facettes de mon être. Comme ce Pumkin Spice Latte acheté à Vienne avant-hier, quelle honte…). Du coup, j'ai deux voiles en cours de réalisation depuis... trop longtemps. Mais aucun n’atteint la qualité de celui-ci, évidemment.

      (Merci, merci.)

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