lundi 21 décembre 2015

CCLXXV ~ Songe d’un jour d’automne

Toute l’originalité du titre de ce billet bouleversée en une image.
C’est presque de saison ! À la fin du mois d’octobre, la fascinante et talentueuse Marie Tuonetar et moi-même sommes allées nous promener alors que la forêt se trouvait dans ses plus beaux jours d’automne, et voici ce qui en naquit (enfin, sans Apollinaire, mais a-t-on vraiment besoin d’une raison valable pour citer Apollinaire ?).


Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers


(Les véritables idoles de nos forêts.)
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Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé


Aux lisières lointaines 
Les cerfs ont bramé


Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie

S’écoule

Guillaume Apollinaire, « Automne malade » in Alcools, 1913.


(Et j’avouerai, car mon honnêteté me perdra, que cette édition de Shakespeare est en allemand, que je n’y entends donc absolument rien, et que, pour la première fois de ma vie, j’ai utilisé un livre juste pour faire joli, et qu’en plus, j’ai aimé ça.)

6 commentaires:

  1. « Encore une figure blonde qui pâlit, se détache et tombe glacée à l’horizon de ces bois baignés de vapeurs grises… »
    (Gérard de Nerval, Promenades et souvenirs, VIII Chantilly)

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    1. Pas besoin non plus de raison valable pour citer Nerval. Ceci mériterait un bon point.

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    2. Les secrètes raisons(!) :

      Parce que Nerval m'a conduit jusqu'à votre blog.

      Parce que l'une des photos figure une belle morte ou belle endormie parmi les feuilles mortes.

      Parce que Nerval conclut par cette métaphore automnale de la chute le passage sur la mort de la fille de l'hôtesse de son narrateur. Mort qui induit chez ce dernier la réminiscence de la ballade allemande « La Fille de l'hôtesse », une ballade construite autour de l'histoire d'une belle morte...

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    3. Que Nerval m’ait apporté un lecteur me paraît presque drôle tant cet auteur fut et reste au centre de mes amours littéraires. Merci donc d’avoir dévoilé ces secrètes raisons, qui me rendent tout autant songeuse que reconnaissante.

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  2. Vous avez bien rendu honneur à cette robe et à ces bois. Je note d'ailleurs que la touche mycologique est le seul détail qui date vos photos, puisque ces organismes auront été les seuls à qui on ne la fait pas au cœur de cet automne qui est toujours en cours.

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    1. Les champignons, les vrais, les durs. Merci ! C’est vrai que l’automne est long, cette année ; cela signifie plus de pommes à la cannelle plus longtemps (si, si).

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