mardi 5 avril 2016

CCC ~ (CCXD pour les intimes, mais sans trop de confiture – c’est un mensonge.)

C’est officiel, cet été, à la fin de mois d’août, je serai en Grèce ; quelques jours en Crète, quelques jours à Athènes, et une journée consacrée à la visite de Delphes. Mon poète préféré a eu le bon goût de m’offrir un roman de Dumas qui se déroule entre la Corinthe et la Rome antique (Acté),  ce qui me donne des espoirs qui seront vraisemblablement déçus cet été (le trépied qui vibre, Médée qui me transmet ses pouvoirs, Hécate qui me dépose une lune morte sur le front, bref, rien que des choses bien crédibles et qui en plus n’ont rien à voir avec l’histoire d’Acté). Plus sérieusement, je porterai une robe blanche et j’irai lire sur un rocher face à la mer, cela devrait suffire à remplir de joie mon côté prévisible romantique. J’écrirais bien des récits de voyage, moi aussi (mais en attendant, je lirai ceux de Chateaubriand).
C’est assez charmant, Acté, pour le moment. « Je me suis dit que ça te plairait », me dit le Poète, « ça parlait de pure jeune vierge en 4e de couverture » (pour quoi je passe, même auprès de mes proches, franchement… !). Une jeune fille grecque qui se pare de couronnes de fleurs se sent toute troublée face à un musculeux Romain entouré de mystère et de gloire, et s’est déjà évanouie deux fois en soixante pages. Je crois, de ce que j’ai feuilleté, que cela finit mal (évidemment !) : le bingo sur le thème romance antique du XIXesiècle n’a jamais été aussi tentant. Mais j’aime bien Dumas, déjà parce que certains de ses textes ont été écrits par Nerval, sa plume ravit facilement ma soif romanesque. Et toujours dans la série « Hana pille la bibliothèque du Poète comme si elle n’avait plus rien à lire chez elle », j’ai emprunté Ivanhoé, que j’aurai donc mis 25 ans à commencer malgré la présence de ce célèbre personnage féminin super chouette qui en plus porte mon prénom, tellement chouette qu’un auteur britannique (celui qui est à l’origine des mémoires fictives de Barry Lindon) lui a dédié une fanfic une suite pour satisfaire le lectorat peu satisfait de l’évolution sentimentale du roman de Walter Scott (et on le comprend).
Entre deux bons romans d’aventure qui tachent, je me prépare à un printemps assez chargé, qui n’aidera sans doute pas ma carcasse exténuée par un mois de mars esthétiquement parfait et physiquement éprouvant mais qui promet d’être passionnant. C’est amusant, l’hiver est une saison que j’apprécie pourtant beaucoup, mais chaque début d’avril, je me demande comment j’ai réussi à survivre sans ces parfums, ces fleurs, ces ciels qui prennent du relief et du caractère avec les changements d’atmosphère et de température. J’imagine que c’est une force de l’esprit que de parvenir à oublier ce qui lui est essentiel lorsqu’il ne peut l’avoir… On se déshabitue de tout, même du rayon de soleil qui apaise un corps épuisé d’avoir trop veillé.
Je ne devrais pas me moquer de ces personnages féminins qui se pâment tout le temps alors que je ressens des vertiges simplement en essayant de me tirer hors du lit.

6 commentaires:

  1. Selon vous, quels sont les passages les plus nervaliens, dans l'œuvre signée par Dumas ?

    L.N.A.

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    1. Je n’ai sans doute pas lu assez de Dumas pour pouvoir répondre avec beaucoup d’assurance à cette question, et ce serait trop facile de mentionner les œuvres que les deux écrivains ont rédigées ensemble sans les avoir vraiment lues, mais juste survolées.
      Cela dit, dans « Acté », certains passages m’ont fait penser à Nerval, mais je ne suis pas suffisamment experte pour distinguer ce qui tient de la manière dont le premier XIXe siècle considérait l’Antiquité et ce qui tient du style propres aux deux hommes…
      J’ai lu un article plutôt intéressant sur leur relation il y a peu, peut-être le connaissez-vous déjà, mais dans le doute : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5652096b.image.f49.pagination .

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    2. Je vous remercie pour le lien vers cette étude (et non, je ne l'avais pas lue!)

      Au sujet du fameux voyage en Allemagne des deux écrivains, les chapitres « La Lore-Lei » et « Pierre de Stauffenberg » des « Excursions sur les bords du Rhin » de Dumas sont, à mes yeux, assez nervaliens.

      Dominique Fernandez écrit, dans « Les douze muses d'Alexandre Dumas » : « Dans son récit de voyage sur le Rhin [Alexandre Dumas, Excursions sur les bords du Rhin], il ne mentionne Gérard de Nerval qu'à l'antépénultième chapitre («Baden-Baden») […] On remarquera que le chapitre qui précède l'apparition de Nerval est consacré à la légende d'Ondine, reine des nymphes du Rhin : quel plus bel hommage Dumas pouvait-il rendre à son ami que de retarder son entrée en scène jusqu'à ce qu'il eût abordé le plus nervalien des personnages de la légende rhénane? C'est comme si la mention d'Ondine avait suscité le nom de Gérard de Nerval. »

      Le chapitre sur Ondine, est « Pierre de Stauffenberg ». Il existe plusieurs versions de la légende de « Peter von Staufenberg » en Allemagne. Naturellement, si vous en trouvez une qui contient le serment d'amour sous une forme analogue à celle des « Excursions », à savoir : «je sais que je n’ai pensé qu’à vous, que je n’aime que vous, que je n’aimerai que vous. », vous gagnez un bonbon. (Notez que je n'ai pas la réponse...)

      L.N.A.

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    3. Je n’ai pas encore lu les récits de voyage de Dumas, je vous remercie (ou pas) de me donner envie d’y plonger (surtout pour y chercher Ondine…).

      Si je trouve un jour pareil serment d’amour, je reviendrai ici réclamer mon bonbon !

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  2. Je n'aurais jamais cru pouvoir lire ici un message du Comité Contre les Chats et j'avoue manquer le sens caché derrière la critique littéraire ! Mais il s'agit sans nul doute un défaut de confiture de ma part. Même si l'on pourrait argumenter que parler d'île grecque (j'ai enfin vérifié) revient fatalement à parler de chats, c'est vrai… Sinon, si j'en ai un jour l'occasion, que me conseillerais-tu de lire chez Nerval, moi qui ne presque exclusivement que du roman ou de la nouvelle ?

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    1. Oui, j’ai décidé d’intégrer le comité pour mieux le détruire (une idée de Muffin, elle ira loin).

      Hmm, je te conseillerais bien Sylvie, pour commencer ; c’est assez bref mais suffisant pour se faire une idée du style et du personnage. Sinon, lis le récit de son Voyage en Orient, ça se dévore comme un roman, et joint plutôt bien ses aspects littéraire, poétique, et même humain.

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