vendredi 16 août 2013

Go go Japan : 花 の ダイアリー ! #8 (le journal de Hana au Japon #8)

Mercredi 7 août fut le jour où nous avons inauguré notre Japan Rail Pass (objet miracle qui vous permet de voyager via la Japan Rail de manière illimitée pendant une à trois semaines selon la somme déboursée) pour partir à Kyôto ! (Insérez les 30 premières secondes du quatrième mouvement de la symphonie du Nouveau Monde ici.) L’idée de découvrir enfin cette ville m’a empêché de fermer l’œil une bonne partie de la nuit, heureusement à 8 h 30 nous étions bien arrivés à la gare, prêts à prendre le train.

La lumière n’est pas très bonne chez nous, tôt le matin, mais on voit l’essentiel.
Cette chose à droite est un mélange curieux de banane écrasée et d’eau.
Un Prométhée kitchissime en face de la gare de Tôkyô.
Je me sentais comme une enfant dans le shinkansen, parce que ça va très vite et que ça remue dans tous les sens. J’ai passé l’essentiel du voyage vissée à la fenêtre, à regarder les montagnes, les rizières et les fils électriques.
Première réaction en sortant du train : la ville est laide ! Une sorte de Tôkyô en un peu moins grand, et plus sale. Mais en nous éloignant de la gare, on tombe sur une rivière qui atténue un peu cet aspect urbain.

Paysage un peu curieux pour une grande ville japonaise, je trouve, non ? Il fait un peu envers du décor…

Nous avons été voir quelques temples qui se trouvaient sur notre chemin, mais celui que je tenais principalement à visiter était le temple de l’Eau pure, ou Kiyomizu-dera. Rien d’historique ou de culturel dans ce choix, simplement il est situé sur les hauteurs de la ville, ce qui m’attirait pour le potentiel panorama que j’en verrais là-haut, mais aussi et surtout parce que j’aime l’idée d’un lieu de spiritualité qui nécessite un certain effort avant d’être atteint. Avec la chaleur insoutenable (il a fait 37° C toute la fin de la semaine dernière), ça promettait d’être ardu, mais c’est ce qui est amusant dans ce genre de défis !

Pour atteindre le temple (ou, plus précisément, les temples regroupés sous le nom de Kiyomizu-dera), nous devions suivre un chemin en pente pour une petite marche d’une demi-heure. Le sentier jouxte un gigantesque cimetière, et on se retrouve bientôt au milieu d’une colline de tombes, c’est à couper le souffle.




On aperçoit le temple, au fond.
Nous n’avions croisé personne sur la route, mais en arrivant nous nous sentions noyés sous le flot de touristes. En fait, une route parallèle, bardée de boutiques, mène également au temple. Nous avions pris le chemin le plus calme sans le savoir, quelle chance !

Un des temples secondaires.
Le plafond du temple principal.
L’entrée du temple principal est payante, ce qui nous a un peu surpris. Le prix est raisonnable, 300 ou 400 yens, je ne sais plus, mais payer pour pouvoir prier me dépasse un peu. Difficile, dans un endroit pareil, de différencier ce qui est de l’ordre de la spiritualité et ce qui est de l’ordre du tourisme. Les deux semblent mêlés trop étroitement par rapport à mes habitudes occidentales, où les églises sont 98% du temps libres d’entrées. Certes, il y a les visites guidées, les lieux fermés au public et accessibles contre quelque monnaie, il faut bien que la paroisse gagne de quoi entretenir le monument, mais l’accès à la prière, lui, est gratuit. Après, bien sûr, reste le don.
Dans ce temple, toute une allée est dédiée à l’achat d’amulettes, de prédictions, de bâtonnets d’encens, et pour acheter ce qui te protégera ou te donnera un peu de chance, il faut payer pour accéder à cette marchandise. N’est-ce pas un peu trop ? Le bouddhisme est certes éminemment ancré dans la matière, par son rejet, mais là, on frôle le dégoût. De plus, à quoi bon se purifier le corps et l’esprit si c’est pour replonger la main dans le porte-monnaie la minute qui suit ? Le désintéressement de l’argent est une chose, mais ici l’on devient si prodigue que la contradiction est proche…
Bien sûr, je regarde tout cela avec mes petits yeux d’occidentale, difficile de faire abstraction de la différence de mentalités. Faire son shopping dans un lieu de culte m’est complètement obscur, même si j’imagine que cela existe également chez nous, d’une certaine façon (les médailles-souvenir de Notre-Dame en sont la preuve). Et puis, en tant que touriste, payer l’entrée d’un temple me dérange autant que celle d’un musée (autre débat, donc), c’est surtout en me mettant à la place d’un croyant que je me sens un peu perdue. Bref, long monologue avec nous-mêmes sur le lien entre la spiritualité et l’argent, avec quand même cette impression amère que l’on privilégie les quelques piécettes du touriste au reste.



La visite du jardin était très agréable.
Entre la montée vers le temple et la visite, nous en avons eu pour plusieurs heures de pentes et de montées, et nous mourions de faim lorsque nous sommes tombés sur une échoppe qui proposait des sobas et des udons végétariens. J.O.I.E.

Les meilleurs udons de ma vie.
Quelques toits pendant la descente vers la ville.
Papillon !
Brave bête assommée par la chaleur.
Nous avons encore fait quelques temples, mais peu étaient aussi marquants que le Kiyomizu-dera, sauf peut-être le Chion-in et son impressionnant escalier !

Nous avons croisé une dame très âgée à son sommet qui trottinait presque. J’espère être aussi énergique qu’elle, plus tard !



Il était déjà près de 17 heures lorsque nous sortîmes du temple, ce qui ne nous laissait hélas pas assez de temps pour faire toutes les visites que nous avions prévues. Pas de pavillon d’argent ou de pavillon d’or pour nous ! D’un autre côté, nous n’avons jamais été très visites à tout prix, nous préférons flâner un peu quitte à rater des choses intéressantes mais au moins profiter de ce que nous voyons (même si j’aurais bien aimé en voir un peu plus, c’est vrai).
Quoi qu’il en soit, il nous restait quelques minutes pour filer voir une curiosité de la ville, un sanctuaire construit au XIXe siècle sur le modèle des temples de l’époque Heian (qui correspond à peu près à notre haut Moyen Âge), et qui s’appelle logiquement le sanctuaire Heian. C’est le monument religieux le plus récent de la ville, hors restaurations et reconstructions.

Un immense torii orange vif orne l’entrée.


Une petite statue de lion garde la fontaine qui sert à se purifier.
Nous avons dû sortir rapidement à cause du gardien qui nouait les cordes fermant l’accès au site. Rompus, fourbus, de mauvaise humeur à cause de la chaleur, nous nous sommes assis à l’ombre pour nous reposer un peu. Bien mal nous en a pris, car nous nous sommes faits assaillir par des dizaines et des dizaines de moustiques, que nous repoussions tant bien que mal, mais qui ont quand même réussi à nous pomper copieusement le sang. Je n’avais pas moins d’une trentaine de piqûres sur le corps, l’Ohm a eu moins de chance que moi avec près d’une centaine de piqûres et une superbe réaction allergique qui m’aura valu une belle angoisse pour le restant de la soirée (et de bonnes démangeaisons pour lui). Le moustique japonais est vicieux, il attend que sa cible soit affaiblie pour s’en repaître (en même temps nous n’avons franchement pas été malins de nous asseoir à l’ombre, en début de soirée, à côté d’un lac d’eau stagnante. Le moustique japonais compte aussi sur la bêtise de l’Occidental en vadrouille).

Mais une bonne nuit de frayeur ne m’a pas empêchée d’être réveillée tôt le lendemain matin pour la suite de nos petites excursions hors de Tôkyô ! La suite dans le prochain billet, merci de m’avoir lue   !

4 commentaires:

  1. J'aime toujours autant lire tes posts ^^

    Je me posais juste une question, tu fais l'aller retour en train à chaque fois que tu sors de tokyo ? (parce que si ma mémoire est bonne vous avez loué un appartement à tokyo ?)
    Pour aller à Kyoto c'est combien de temps en train ?

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    1. Oui, on faisait l'aller-retour à chaque fois ! On en a pour 2 h 30 de train, 5 hures de transport ça fait certes beaucoup en un journée mais avec un bouquin ou une console au fond ce n'est pas vraiment du temps de perdu je trouve (en revanche, c'est assez fatiguant).
      Avec le rail pass tu as accès à un certain type de shinkansen (tu ne peux pas prendre ceux qui font le moins d'arrêts), soit un train toutes les demi-heures environ ^^ ça reste assez souple pour prévoir ta journée même si tu n'arrives pas à te réveiller aux aurores !

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  2. Je n'avais pas encore commenté ton joyeux périple, mais oh mon dieu, je le lis avec un drôle d'appétit! Je trouve que tout cela donne une image très intéressante du Japon, et moi qui n'étais pas intéressée par cette ville (traumatisée par un livre que j'avais lu, je refusais de penser à aller au Japon de peur de me rappeler ce livre), je meurs à présent d'envie d'y voyager un jour! Merci beaucoup! :D

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    1. Et bien de rien écoute ! C'est un joli compliment de me dire que je t'aide à surmonter ce genre de traumatismes, ça me touche beaucoup ! J'espère que ton envie se concrétisera un jour, c'est vraiment une belle civilisation, bien que souvent déroutante et parfois même un peu écoeurante, mais ça en vaut la peine !

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