vendredi 10 janvier 2014

CXXXVII ~ Monologue hivernal

(L’hiver de Haydn… Oui, c’était facile. Chut.)

Je l’ai déjà confié de-ci de-là, mais nous avons lamentablement raté notre vol pour Venise, ce qui nous a plutôt attristés durant les vacances, mais nous avons réussi à surmonter cette déception grâce à la nourriture notre volonté. 

Peu avant ce voyage raté, nous avions été assister à une représentation de La Belle au bois dormant de Noureev à Bastille, et ce fut très sympathique. Le ballet n’ayant pas vraiment d’histoire, ou du moins pas de narration très poussée, on pouvait se laisser totalement aller à applaudir la chorégraphie presque acrobatique de Noureiv et apprécier la danse pour la danse. 
Pour ma part ce n’est pas forcément ce que je préfère, j’aime qu’on me raconte une histoire, que le geste soit bouillonnant et pas juste virtuose… C’était très russe en somme, impressionnant et énergique. Mais il m’a manqué ce je-ne-sais-quoi qui émeut.
Néanmoins, alors qu’à l’ordinaire je n’applaudis jamais au cours d’un acte, je n’ai pas pu m’empêcher de jouer les otaries ravies devant la performance d’un danseur que l’Ohm et moi suivons depuis que nous l’avons vu dans un de ces reportages sur l’élite de la danse française il y a un peu plus d’un an (François Alu, chouette patronyme). Sa variation de l’oiseau bleu était à la fois subtile et spectaculaire, avec toutes ces pirouettes et ces jetés exécutés à la perfection pour l’œil non averti du simple spectateur.
La mise en scène était classique et fastueuse, alors une fois n’est pas coutume, j’ai pris une photo pendant le salut des danseurs. Parce que les décors sont tout de même superbes.

 photo DSC_9878_zpscc22969e.jpg
Difficile de bien centrer quand on n’est pas exactement assis au milieu.
La musique du ballet n’est pas de celles que je préfère non plus, je lui trouve un petit quelque chose de pompeux, avec un peu moins de finesse par rapport à d’autres œuvres de Tchaïkovsky. Mais nous sommes très loin du médiocre, hein. Et par exemple, j’aime beaucoup le premier finale, avec la confrontation entre Carabosse et la fée des Lilas.

Tadaa

Disons que si j’écoute avec plaisir la plupart des mélodies du ballet, elles ne font en général pas partie de celles que je vis au point de ne pas pouvoir en détacher mon esprit et qui m’élèvent au lieu de simplement m’accompagner (même si je pense que celle au-dessus mérite une exception). A vrai dire, je préfère presque à ces jolies musiques d’agrément celles qui plantent leur ondes dans les entrailles au point de rendre malade, comme ce mouvement de Strauss, une fois, qui m’avait forcée à quitter une salle de concert pour aller me remettre de la nausée terrible qu’il avait provoquée. J’aime quand mes larmes coulent sans que je réussisse à les arrêter parce que je suis ailleurs (comme pour Dvořák l’an passé), ou que ma température augmente de deux degrés à la seule écoute d’un morceau, ou que mes côtes me fassent mal tant la vibration qu’y provoquent les battements de mon cœur sont violentes. La musique (et c’est aussi le cas pour d’autres types d’œuvres d’ailleurs) est ma façon à moi d’atteindre un état mystique que mon incroyance me refuse sans cesse. Elle exorcise mes angoisses par cette sorte d’épreuve physique qui nous fait dépasser les limites de notre chair et de notre existence pour accéder à cet ailleurs psychique pur et sublime qui est si difficile à entrevoir dans la vie banale et quotidienne d’un pays occidental embourgeoisé. C’est la façon dont les étreintes violentes des falaises et de la mer de mon enfance continuent de s’exprimer dans mon esprit un peu perdu. Il faut de la puissance, ou à défaut, de l’eau. 

En attendant, je corrige des trucs, on gère sa vie comme on peut. Ce n’est pas évident de retrouver un équilibre lorsque tout dans la face que l’on montre aspire peu à peu l’intérêt et la passion de celle que l’on cache, pour ne laisser que du vide ou, au meilleur des cas, de l’ennui. Sourire en réprimant le soupir commence à devenir lassant. Alors il faut agir, en évitant le vice de la paresse. Le travail, qu’il soit de l’esprit, des mains, du corps, est bien plus profitable que la complainte égocentrique. J’en ai assez de ces introspections mille fois répétées et jamais mises à profit.

Il était paresseux, à ce que dit l'histoire,
Il laissait trop sécher l'encre dans l'écritoire.
Il voulait tout savoir mais il n'a rien connu. 

Je travaille un peu des mains alors, préparant le terrain pour le reste. J’ai commandé de quoi me faire un chapelet et un rosaire, et acquis (du moins payé, pas encore reçu) deux vêtements que je rêvais d’avoir depuis longtemps.

Love Moon Princess Stained Angel Print Skirt (rien que ça). C’est donc la version Baby noire de 2006 de cet imprimé qui sera mien après avoir posé la main sur la version crème Alice de 2009, un peu après être revenue du Japon. Je n’ai pas la frénésie des imprimés ou l’envie de posséder un vêtement pour le collectionner en série, mais celui-ci est l’exception qui confirme la règle. J’aime toutes les versions, toutes les couleurs. 
Je ne suis pas très loin d’avoir complété ma wishlist de février dernier, c’est assez satisfaisant. Il me manque la Parure et la Folie, alors que la Démesure est en cours de réalisation pour un projet commun avec Clothilde.

La Madeleine Chiffon Dress de Mary Magdalene, que j’avais ratée à sa sortie et à sa réédition. Je l’imagine tellement bien portée toute simplement avec des chaussures à brides et plate-formes démesurées, chapelet au cou, et ma chevelure lâchée, maintenant qu’elle a retrouvé une longueur acceptable pour une Madeleine

Je tiens de plus en plus à posséder une garde-robe cohérente (ce qui n’empêche pas quelques expérimentations), même si je ne sais toujours pas vraiment comment la définir. J’en ai assez de l’étiquette lolita depuis un bout de temps, j’y accole des mouvances qui ne le sont pas vraiment sinon en esprit, pour moi, parce que c’est tout ce qui m’importe au fond. Je ne suis pas entrée dans le lolita pour me dire lolita, simplement parce que les vêtements me plaisent, une fois les vêtements entre les mains, j’en fais ce que je veux… Quelle image voudrais-je renvoyer ? L’ailleurs, j’imagine, une certaine forme d’onirisme un peu sombre ; la rigueur, adoucie d’un velouté de naïveté et d’une certaine forme d’espérance…? Avoir envie de ressembler à ce que je ne suis pas exactement encore, avec une sorte d’amélioration, une sorte de lâche tricherie pour peut-être ne pas avoir à travailler nécessairement l’esprit si la coquille est déjà polie… J’espère que ce n’est pas exactement le cas…

Bien, c’était un peu personnel tout ça, mais c’est aussi ce qui fait le sel de ce lieu, parfois (ah ?), et qui au moins permet de mettre un peu mes idées au clair. N’hésitez pas à venir blablater en commentaire de votre rapport à l’image, à la musique, à l’Italie, si vous en avez envie… Ou si vous voulez juste parler de votre fromage préféré, on peut s’arranger.

(Et la citation en italique vers le milieu de l’article est une strophe de l’Epitaphe de Nerval.)

7 commentaires:

  1. Je voulais aller voir la belle au bois dormant au cinéma (puisqu'il passe des ballets) sauf que je ne regarde jamais les dates et... je l'ai loupé 8D Du coup je me réserve pour Cosi Fan Tutte de Mozart!
    Je n'ai jamais assisté à un ballet ou un Opéra , ça m'intimide un peu du coup xD Et comme je ne m'y connais pas vraiment en musique (je n'ai que les bases de mon option musique) j'ai toujours peur d'aller assister à quelconque representation et ne pas supporter les longueurs u____u...

    Je suis contente pour toi pour tes achats , je vois tellement bien la MM sur toi *___*

    (parler du fromage préféré? boarf ma vie n'a plus d'interet depuis que ma mère s'est trompé de Boursin en prenant du échalotte et ciboulette plutot qu'ail et fine herbes...)

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    1. L'avantage de la musique, c'est qu'on n'a pas besoin de l'avoir étudiée durant des années pour en être touché. C'est presque instantané, tribal, la façon dont les rythmes et les mélodies influent sur nous ! Alors peut-être que tu ne saisiras pas la finesse d'un accord, l'aspect révolutionnaire d'une dissonance... Mais l'avantage, c'est que tout ça s'apprend, l'oreille se forme, et les goûts musicaux évoluent. Et pour éviter les longueurs, je crois que la base est de totalement laisser de côté... tout, se laisser emporter complètement, exactement comme quand on lit un livre qui nous plaît. Après, tu peux tomber sur des histoires qui te plaisent plus que d'autres, des styles musicaux qui te ne touchent pas vraiment, mais le tâtonnement fait partie du truc, je trouve. Quelle extase quand on trouve la pièce qui vibre dans chacune de nos cellules, et qu'on la voit jouer devant nous !

      Merci ! J'ai vraiment hâte de l'avoir, après tous ces rendez-vous manqués. J'adore sa fluidité, l'aspect fluide du vêtement est ce que je préfère en ce moment. Je veux devenir une nymphe et me baigner dans la forêt avec mes longs cheveux pour seuls vêtements T_T

      Echalotte et ciboulette ? Mais quelle idée !

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    2. Soyons nymphes ensemble ! *A PWAAAAAAL*

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  2. twin de MM Madeleine Chiffon Dress <3 quel excellent choix !

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    1. Je l'ai reçue hier, elle est beelle !

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    2. et tu as l'impression de flotter parmi tous les volants *__*

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    3. Ouiii ! Quand je l'ai essayée, j'ai tourbillonné sur moi-même pendant dix minutes !

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