lundi 25 janvier 2016

CCLXXXII ~ Rentrer chez soi, lire dans son lit, devenir un chat savant.

Wanda Wulz, Io + gatto.
Bien qu’il ne neige ni ne givre, cet hiver possède malgré tout quelques caractéristiques particulières à sa nature : les nuits sont longues et plutôt froides. L’hiver, délicieuse saison où le lit devient le cœur de l’existence ; car après tout que ne peut-on pas faire dans un lit ? Apportons-y livres, musique, thé, pépins de grenade, que sais-je : le lit est une terre tendre et fertile où rien ne semble impossible.


Pour achever de faire de mon lit un sanctuaire, je lui bâtis une forteresse. Je l’entoure de menus talismans, comme le calendrier qu’a réalisé mon amie Oe Nothera pour célébrer la nouvelle année, et qui me fait furieusement penser à certaines compositions du Calendrier magique de Manuel Orazi.


 (Oe Nothera et son calendrier mobile par Timothée Lestradet. Si comme moi vous trouvez ça joli, il en reste encore ici.)

Les rudesses de l’hiver supposent de tendres contreparties. En attendant le mois de mars (bientôt… !), je regarde des images de l’océan surpris par le froid. Même loin de lui, je sais que l’océan, en cette saison, est superbe. Je repense à Biarritz, voilà déjà trois ans, alors que je passais le jour de l’an les jambes dans l’eau sous un ciel de cendre… Il est des paysages qui marquent à jamais les sens et l’esprit, et dont l’absence, comme pour un membre amputé, provoque parfois d’impalpables piqûres.

Land meets water.
Les thés se mêlent à d’autres épices, les parfums d’intérieur deviennent aussi capiteux que ceux du monde au-dehors sont mordants et épurés. Le matin, j’enveloppe mon chignon d’essence de lys et de tubéreuse pour le plaisir de me rouler dedans le soir, une fois les cheveux dénoués, et quel plaisir… ! Les plus vains sont les plus charmants, ils suffisent à justifier les sombres minutes du long suicide qu’est l’existence. S’enivrer d’une odeur, d’un souffle, étreindre le minuscule pour en tirer un peu d’éternité : l’hiver, où règne le sommeil, oblige l’esprit en quête d’éveil à plus d’efforts pour se nourrir.
D’où peut-être la frénésie de lectures, au chaud sous les couettes moelleuses, à attendre la neige en admirant la pleine lune. Tout à l’heure encore, je sortais de la librairie japonaise de Paris la bourse vide, mais avec ce sentiment d’accomplissement et de joie qui offre la noblesse à l’inconscience. Ah ! Serrer son petit paquet de livres contre soi pour se protéger du vent qui pince les doigts, et songer aux douces heures à venir ! Se repaître dans l’espoir d’éclore, c’est ce que font les rêveurs las de simples chimères ; c’est ce que font les fleurs.

6 commentaires:

  1. « Oh ! non... la mer ! Je veux la mer tout de suite. » La demoiselle d'Avignon (Louis Velle / Frédérique Hébrard) :
    https://www.youtube.com/watch?v=kkZzJngCOtk

    L.N.A.

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    1. Femme intelligente qui avait prévu de porter son maillot de bain, elle…

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  2. J'ajouterais même à toutes ces bonnes choses que tu mentionnes comme une envie de vêtements de maison ! Les sous ne suivent pas, mais je n'ai de cesse de regarder les peignoirs et autres robes chez les créateurs de lingerie qui font ce genre de choses (et les boutiques vintage naturligtvis), les circonstances faisant que je n'ai jamais été aussi confinée chez moi que le mois qui vient de s'écouler (mais les bonnes choses ont une fin et il va bien falloir que je revienne bosser à l'atelier). C'est qu'avoir froid chez soi, c'est inacceptable !
    Tu me diras quand vous aurez de la neige ! Au fait, je monte mi-mars, je le mentionne si jamais tu étudiais la question d'aller voir les collections du Prince de Liechtenstein — autant que je sois dans le coin.

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    1. Prochain investissement : http://boudoirbydlish.bigcartel.com/ ; ça aura le mérite de créer un point commun entre Dita et moi (sans appartement fixe mais avec un déshabillé de soie, c’est un choix de vie comme un autre).
      Je devrais descendre le premier WE de mars si tout va bien, donc nous nous verrions deux semaines de suite ? (Ce qui augure d’ores et déjà un très joli mois de mars, ma foi.)

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    2. Je vois qu'on a la même définition très précise de l'idéal du "vêtement de maison".
      Se voir est malheureusement un programme beaucoup plus abordable, je m'en réjouis d'avance (— in "l'Amitié Ingrate" volume XXVIII)

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    3. Tant que l'ingratitude vaut des deux côtés, ça va (– in « L’Amitié ingrate, Prolégomènes »).

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