dimanche 20 octobre 2013

CXX

Jeudi dernier, j’ai été voir l’exposition Masculin/Masculin ~ L’Homme nu dans l’art de 1800 à nos jours avec Petite-Dieu, Camille et Clafou, sur un thème très peu abordé dans les expositions présentées au public (paraît-il. Parce que dans une exposition Michel-Ange ou sculptures grecques, il y a beaucoup de mâles nus aussi. Oui, bon, le nu masculin n’est alors pas le thème principal, mais tout de même). 
Je n’ai pas l’impression d’avoir appris grand chose, la représentation du corps durant cette période ayant déjà été abordée dans des expositions qui ont eu cours cette année. Je pense notamment à De l'Allemagne, au Louvre, qui menait également de la représentation néoclassique du corps idéalisé, apollonien, à la blessure profonde qu’une guerre mondiale y a imprimée. Même si Masculin/Masculin approfondit le thème avec un nombre plus important de pièces consacrées (forcément) au corps, son approche reste tout de même assez superficielle. Une dizaine de thèmes plus ou moins proches des autres (la tentation du mâle/l'objet du désir, Nuda Veritas/sans complaisance, mouais) avec leur petit cartouche explicatif, c’est peu pour brasser plus de deux cents ans d’histoire de l’art, surtout sur un thème qui emprunte autant à l’Antiquité et à la Renaissance. Reproche facile pour une exposition qui se veut grand public et généraliste, heureusement la librairie éphémère propose des livres qui semblent très intéressants pour qui souhaite approfondir le sujet (je ne suis pas objective, j’ai vu un ouvrage d’une de mes anciennes profs de fac, alors forcément je trouve tout ça formidable. Quel narcissisme).
(J’ai trouvé aussi les Pensées sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture de Winckelmann, qui après lecture éclaire magnifiquement les pièces néoclassiques qui étaient exposées. C’est bref, très intéressant, et parfois même rigolo, donc si ça vous intéresse, je vous le recommande.)

L’Ange Déchu, de Cabanel, 1847 (F. JAULMES/MUSEE FABRE). L’un des tableaux que j’ai préférés de l’exposition, déjà parce qu’il est beau (un point c’est tout) mais surtout pour cette puissance dans le regard que je trouve juste incroyable. Tout cet orgueil… !
Job, Léon Bonnat (1880).
La Roue de la Fortune, sir Edward Burne-Jones, ~dernier quart du XIXe siècle
(RMN (MUSEE D'ORSAY) / GERARD BLOT ).
Et je vous épargne L’Ecole de Platon, parce que j’embête déjà suffisamment tout le monde avec ce monstre du kitsch depuis que j’ai découvert son existence.

Haha, c’était une blague. Merci à Jean Delville pour cette vision si personnelle de l’Académie, et merci à la Sorbonne pour avoir passé commande, surtout.



(Mahler, c’est parce que j’ai regardé Mort à Venise. On reste dans le thème.)

(Et je termine sur le paragraphe final de l’ouvrage que je cite plus haut. La citation est très belle, mais elle a beau être formulée comme une évidence, elle contient en germe un nombre effarant de problèmes.
Mais c’est aussi pour ça que je l’aime.)

Le pinceau de l’artiste doit être trempé dans l’esprit, selon un mot entendu à propos du stylet d’Aristote. Il doit laisser à penser davantage qu’il n’a donné à voir. L’artiste y parviendra s’il a appris, non pas à voiler, mais à parer ses pensées d’allégories. S’il a un sujet traité, ou à traiter, avec poésie, choisi par lui ou qu’on lui a suggéré, son art l’inspirera et avivera en lui le feu dérobé par Prométhée. Le connaisseur aura de quoi penser ; le simple amateur, de quoi apprendre à penser.

Pensées sur l’imitation des œuvres grecques
en peinture et en sculpture,
 Johann Joachim Winckelmann, 1755.

4 commentaires:

  1. Je suis allée voir cette expo au début du mois! Mais j'ai été déçu tant sur la forme que sur le contenu, comme tu l'as dis, l'organisation n'était pas assez claire (il n'y avait pas de sous thèmes distincts... J'ai eu du mal à trouver une continuité au fil des salles), quant au contenu nous avons eu le même coup de coeur! Je suis restée de longue minutes devant ce tableau. Il me semble que j'ai un petit soucis avec les archanges et leurs amis, ils me fascinent beaucoup trop.
    Les esquisses de Cocteau étaient très fortes, et très belles; les sculptures étaient vraiment chouettes.
    En bref, 4~5 oeuvres m'ont touchées, les autres restaient muettes pour moi..

    Comme le Romantisme noir m'avait beaucoup plu, je garde espoir pour que la prochaine expo soit davantage réussie!

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    1. Oui, les esquisses de Cocteau étaient superbes ! La première salle semblait contenir de belles pièces aussi, malheureusement avec le monde qu'il y avait je n'ai pas pu en voir grand chose...

      Oui, j'ai hâte de voir ce que le musée nous réservera pour les prochaines expos ! Malgré quelques déceptions les thèmes abordés lors des deux dernières m'ont particulièrement intéressée, donc tous les espoirs sont permis ! ^^

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  2. A chaque fois que je suis tombé sur "l'école de Platon" au musée d'Orsay, je crois qu'il représente Jésus et ses 12 apôtres.

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    1. Et ce n'est sans doute pas sans raisons ! Plein d'apôtres nus dans le paradis terrestre xD

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