mardi 23 décembre 2014

CCI ~ Clivage


J’ai découvert Bee and Puppycat.

Petit dessin-animé de quatre épisodes plus un pilote, produit par Cartoon Hangover et créé par Natasha Allegri, Bee and Puppycat est un condensé d’absurde absolument adorable et complètement improbable.


Difficile d’expliquer en quoi exactement consiste l’histoire ; disons que l’on suit les aventures magical-girl-esques d’une jeune femme dans la vingtaine et de son curieux compagnon pas vraiment chat ni vraiment chien (paraît-il). Le pilote m’avait laissé un délicieux goût doux-amer sur la langue.


Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas autant emballée pour un dessin-animé, au moins depuis Mawaru Penguindrum, il y a… quelques semaines ?

Vous aviez besoin de cette image dans votre vie. Ne le niez pas.
Je parle de moins en moins d’animation et de culture otaku, alors que j’en consomme toujours autant. De manière générale, j’assume aujourd’hui avec plus de difficultés ce côté japonophile de ma personnalité, sans trop savoir pourquoi. J’imagine que pointer le nez en-dehors du lolita, apercevoir des femmes à la féminité accomplie qui consacrent tout leur temps à la culture et à l’art me renvoient à une image négative de mes loisirs, que je juge immatures et infantiles. J’aime pouvoir parler indifféremment de Sailor Moon et de Platon. Mais je me considère souvent stupide lorsque je m’enflamme sur l’une et pédante lorsque je m’enflamme sur l’autre. Dans tous les cas, je me sens mal à l’aise. 
Tant que je me sentais totalement femme-enfant, concilier les deux me convenait à peu près. Mais à présent je rêve d’autre chose et je ne sais plus exactement quelle place accorder à mes différents centres d’intérêt. Je ne lis pas assez, mais j’aimerais jouer plus. Rarement ai-je été satisfaite de ce que j’accomplis, mais je sens que cela empire. Je vois le temps passer et je piétine. Ceci vaut aussi pour le vêtement. J’ai toujours envie de ressembler à une poupée, mais je ne me reconnais plus entièrement dans cette image, et préfère désormais les escarpins aux plate-formes.

Mois de décembre, qui instille l’idée de finitude dans mes veines et mes pensées, comme je déteste te sentir ronger mes espoirs de la sorte…

Mais lire le dernier Cutie m’a fait un bien fou. Je suis tombée sur un photoshoot vintage complètement surchargé (mais très joli), de belles photos de lingerie et des chocolats à jambes. 


(Vous en rêviez ? Q-pot et Ahcahcum Muchacha l’ont fait. Sortie prévue le 9 janvier.)


Croiser au fil des pages des tenues assez mûres et élégantes selon mes goûts (mais toujours un peu excentriques, c’est ce qui me plaît aussi !) et des suggestions d’anime et de papeterie régressive me rassure un peu. Et je réalise que je suis totalement dans la cible éditoriale de ce magazine. Je suis une demoiselle qui approche le quart de siècle, qui vit dans son monde et qui se sent complètement perdue dans la réalité. Les « ennui afternoon » et « melancholy party » me vont droit au cœur, ce doit être mon côté weaboo.

J’imagine que je vais gentiment me donner un coup de pied au postérieur et accepter d’aimer à la fois le noir, les magical-girls, et les conférences sur les liens supposés entre figures christique et bouddhique. Si ces centres d’intérêt disparates me permettent tous d’avancer,  je n’ai aucune raison d’en choisir un au détriment d’un autre. Tant que je ne perds pas de vue l’Idéal qui continue de briller au loin, alors tout va pour le mieux.

J’ai l’impression que cet article est le plus positif que j’ai pu écrire depuis des mois, et mine de rien… c’est agréable.

C’est, sans nul doute, le pouvoir de la Patoune.

11 commentaires:

  1. C'est terrible cette dualité permanente ; des centres d'intérêt qui s'affrontent constamment. Mais je pense aussi qu'il faut abandonner l'idée d'être un personnage qui ne vit que pour un seul univers... Au contraire je trouve passionnant tes incursions dans l'art, la littérature, mais aussi les aspects plus fun de ton blog et je pense qu'il serait dommage de négliger l'un comme l'autre.

    Je compatis néanmoins totalement... D'un côté je suis ce que l'on pourrait appeler un incurable gamer qui passe des nuits à jouer et de l'autre je flâne dans les musées et cultive des fleurs ; je pense qu'il faut tout simplement se faire à l'idée d'être attirée par des choses diamétralement opposées. Je t'encourage à suivre cette voie.

    (Oh, et du coup je note ce petit dessin-animé dans la liste des trucs à regarder bientôt. Ça me parle.)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pense également qu'il est bien plus intéressant de suivre plusieurs voies qu'une sorte. Sans doute est-ce plus fatiguant, mais ô combien plus enrichissant ! J'aimerais simplement me détacher de cette idée de ne jamais en faire assez, et de culpabiliser en permanence lorsque je n'ai plus l'impression d'apprendre quelque chose... D'autant que la notion d'apprentissage est bien plus vaste que celle, presque purement scolaire, de l'apprentissage dit "culturel"... Qu'entends-je par me cultiver, voilà ce que je de devrais tenter de définir en premier, au lieu de désespérer de ne pas avancer selon des critères qui, au fond, ne me paraissent plus si incontestables que cela !

      Bee and Puppycat est un petit bijou, j'espère que tu prendras plaisir à le regarder si tu t'y attelles !

      Supprimer
  2. (Je commente toujours aussi peu souvent, désolée...)
    J'adore Mawaru Penguindrum ! Et merci pour la découverte de Bee and Puppycat.
    Je trouve cela super les personnes qui aiment et parlent à la fois de cultures considérées comme "low" et "high". Bref, j'aime ton point de vue, j'aime tes billets qui me font découvrir des choses différentes les unes des autres.
    Bonnes fêtes. (❁´▽`❁)*✲゚*

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ton commentaire ! Il m'encourage à continuer dans cet ecclectisme pas toujours heureux xD mais enfin, l'essentiel est aussi de profiter des richesses qui nous sont offertes ! Passe de bonnes fêtes également !

      Supprimer
  3. Allez je commente,
    J'aime autant m'extasier sur Pusheen que sur les représentations de Judas, ou des bout de verre datant de l'époque romaine. L'important c'est d'aimer euh... ce que l'on aime?
    On est tous un peu schyzo en fait *révélatioooon*
    Mais on t'aime comme ça :D

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tiens, une revenante :p
      Je comprends bien ton point de vue et je suis entièrement d'accord avec ce que tu dis. Comme je disais plus haut, mon problème n'est pas tant d'aimer ce que j'aime que d'accepter d'y consacrer du temps au lieu de chercher à tendre vers quelque chose d'un peu plus élaboré. J'adore Pokemon par exemple, mais ce n'est pas mon objectif de vie non plus... Et lorsque je regarde le nombre astronomique d'heures que j'ai passées dessus, je me sens légèrement coupable. J'aurais peut-être pu faire autre chose ? Des voyages ? Des lectures ? Mais enfin.
      Profite des fêtes et à bientôt par ici, j'espère.

      Supprimer
  4. "You can do anything, but not everything". Car le temps n'est pas extensible. Tant que ce que l'on fait nous plaît, nous apporte du plaisir, le "but" est atteint.
    Tout est question de choix, et pourtant, on peut grappiller dans différents plats ;)

    J'ai souvent ressenti ce clivage dans une de mes passions : la nature. D'un côté, j'ai plaisir à aller observer les oiseaux et promouvoir la protection de l'environnement. Et de l'autre, je fais venir des robes de l'autre côté de la planète.
    Et bien d'autres de mes passions semblent "incompatibles" entre eux d'un point de vu stéréotypé.

    Ce n'est qu'en assumant pleinement mes goûts, en faisant fi des cloisons soi-disantes imperméables que je peux continuer à me trouver. N.B. a raison : nous sommes humaines parce que nous sommes pétries de joyeuses contradictions. ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et oui, nous sommes pétries de bien belles contradictions ! La question que je me pose, cependant, est celle-ci : comment être sûre que certaines de ces contradictions ne sont pas des façons, inconscientes ou non, de rechercher la facilité et de nous priver de certaines réflexions, certes douloureuses, mais néanmoins nécessaires pour avancer ?
      Je suis en pleines réflexion sur la meilleure façon d'être en accord avec moi-même et d'exprimer pleinement toutes les potentialités de l'existence qui est la mienne, car nous n'avons qu'une vie, et plutôt que la recherche d'un perpétuel agrément, je préfère l'employer à faire les choses le mieux possible. Mais sans doute n'aurai-je la réponse à tout ceci dans longtemps !
      Le gâchis de cette expérience incompréhensible qui est la vie doit être ma plus grande frayeur, je pense.

      Supprimer
    2. Peut-être que comme le disait un philosophe antique (je ne sais plus lequel, ahlàlà), on ne le saura vraiment que lorsqu'on sera sur le seuil de la mort.
      Ce qui est parfois difficile, c'est de dépasser cette angoisse, ne pas se laisser pétrifiée non plus. Je me demande si ces choix deviennent plus évidents en vieillissant ?
      Qui vivra verra !

      Supprimer
  5. Oh et sinon : PENGUINDRUM !!!!
    Mon oeuvre préférée des 3 de Ikuahara !

    J'ai trouvé Utena trop répétitif, un tantinet trop pédant. Le chara-design très anguleux et un peu surannée ne m'ont pas convaincue non plus.

    Quant à Yuri Kuma, j'ai beaucoup accroché, niveau musique, dessin et délires. Il était aussi bien plus accessible, plus léger.

    Mais Penguidrum est à mon avis le plus équilibré des deux ! Ahlàlà, je te dis pas mon état après l'avoir terminé en 3 jours x'D Ca a mis du temps à digérer, mais que c'était bon :P

    Et toi, tu en as pensé quoi ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'avais eu un coup de cœur incroyable pour Utena, qui m'avait vraiment ravie sur tous les plans (j'aime bien les designs vieillots...), malgré, comme tu le dis, quelque chose d'un peu pédant. Le film, en revanche, est à mes yeux une catastrophe ; il manque de subtilité, tout y est trop rapide, par rapport à l'anime qui prend son temps, et le risque de ne pas toujours tout expliquer...

      Je n'ai pas encore fini de regarder Yuri-Kuma (je n'en suis qu'au deuxième épisode), j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans en fait, et puis ma vie ces derniers temps a été plutôt mouvementée, du coup je n'ai pas trouvé le bon moment pour m'y remettre, mais je compte bien rattraper mon retard !

      Mais comme tu dis, Penguidrum est très équilibré, si absurde, et le propos si finement amené ! Et la BO est irréprochable, en plus !

      Supprimer

Transparent White Star