vendredi 22 juin 2012

X

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Il fit aussi, pour honorer
La cendre de ses père et mère,
Tout en pleurant, une épitaphe...
Hélas ! Les sillons de la vie
Voient naître, mûrir et tomber
Des moissons qui ne durent guère ;
Ainsi le veut la Providence.
Les générations se succèdent ;
Ainsi notre tribu frivole
Grandit, s'agite, se démène
Et pousse au tombeau les aïeux.
Notre temps viendra à son tour.
Nos descendants auront leur heure
Et nous chasseront de ce monde.

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Enivrez-vous, en attendant,
Amis, de cette vie légère.
Je sais qu'elle a peu de valeur
Et n'y tiens pas outre mesure.
J'ai dit adieu aux illusions ;
Mais de lointaines espérances
Viennent parfois troubler mon coeur.
J'aimerais ne quitter le monde
Qu'en y ayant laissé ma trace.
Je n'écris pas pour la louange,
Mais il me plairait de donner
Du lustre à mon triste destin
Et que quelques mots fassent vivre,
Comme des amis, ma mémoire.

40.
Quelqu'un en sera-t-il touché ?
Le destin sauvera peut-être
Une strophe que j'aurai faite
De se perdre dans le Léthé ;
Peut-être (espérance flatteuse)
Un ignorant, dans l'avenir,
Montrant mon illustre effigie,
Dira : C'était un vrai poète !
À toi va ma reconnaissance,
Serviteur des Muses paisibles,
Toi dont la mémoire fidèle
Gardera mes oeuvres légères,
Toi dont la main caressera
Les lauriers sur ma vieille tête.

Alexandre Pouchkine, Eugène Onéguine, fin du chapitre deuxième.

4 commentaires:

  1. Joyeux Anniversaire, si je ne me trompe pas.
    Bonne journée et bon weekend.

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    1. Tu as une journée de retard, mais ce n'est pas grave du tout, c'est déjà adorable d'y avoir pensé ! Merci <3

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    2. Oh non, ne t'excuse pas, vraiment, ça m'a quand même fait plaisir ! Tout le monde peut se tromper dans une date ^^

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