dimanche 13 septembre 2015

CCLII ~ Divagations en passant par la Lorraine (et puis même en poussant encore un peu à l’est)

J’ai passé les deux premières journées de septembre à Strasbourg, ville dont je suis instantanément tombée amoureuse. Il me semble n’avoir jamais vu plus bel écrin pour l’été finissant, ou pour le début de l’automne, entre ses façades colorées comme des confiseries, la flèche de la cathédrale se déployant dans un ciel mélancolique, son musée Alsacien (découvert grâce à Oe Nothera), et tant d’autres merveilles qui me donnèrent l’impression de me trouver dans un récit fantastique pendant un peu plus de trente-six heures. La douce présence de mes amies Mi et Célia ne fut sans doute pas étrangère à cette ambiance mystique.

 Ce morceau que j’écoute en boucle depuis plusieurs jours résume assez bien ce que j’ai pensé de Strasbourg, en fait.

Le musée Alsacien est une superbe pépite, dont je ne peux que recommander la visite à ceux qui passeraient dans la ville. Inauguré au début du XXe siècle afin de mettre en valeur l’artisanat traditionnel de la région, il reproduit minutieusement les pièces principales des maisons bourgeoises ou paysannes et expose meubles, bijoux, moules à gâteaux, et j’en passe. J’y appris l’existence du coffret de courtoisie, une boîte à multiples tiroirs que les jeunes Alsaciens offraient à leur fiancée afin qu’elle y range ses bijoux, ses rubans, ses trésors (j’imagine des feuilles de sauge et des bonbons à la mirabelle).

Comme ce joli modèle créé par Oe Nothera.
En retour, les jeunes filles offraient des flacons à eau-de-vie, où étaient souvent peints de petites scènes d’amour et des phrases tendres. Ainsi, celui qui buvait pour oublier se rappelait quand même qu’il était fiancé. Malin, malin.


Ce bref séjour dans l’est de la France avait pour prétexte ma participation au Modern Doll Fest à Nancy, dont je parlai un peu plus tôt en août (dans un mois, Vienne, avec encore un prétexte caché derrière). Je garde malheureusement très peu de souvenirs de la convention, brisée que j’étais par la fatigue et une migraine tétanisante, mais enfin ! J’étais exposante pour la première fois et notre table était belle, que demander de plus. J’ai même réussi à agrandir ma collection d’illustrations originales en me précipitant sur un dessin de Maruka, dont j’ai découvert le travail voilà quelques mois, et dont j’apprécie beaucoup la finesse du trait.

Mon nouveau joujou.
L’autre jolie bête. Photo de Charlotte.
Si le musée Alsacien me semble être un passage obligatoire à Strasbourg, je dirais que le musée de l’École de Nancy est un passage obligé dans la vie de chacun. Je  m’y suis rendue en pèlerinage lors de mon deuxième jour en Lorraine. Il se niche dans un bel appartement qui appartenait à l’un des mécènes de l’école d’art nouveau nancéien, et l’on croirait pénétrer dans la demeure d’une enchanteresse. La pièce qui m’a le plus marquée fut sans doute la salle de bains, avec ses fresques, ses poteries recouvertes d’algues et de coquillages factices sculptés dans de la pâte de verre, qui livrèrent leurs renflements délicats et nacrés à mon œil fasciné. J’ai pleuré devant une tête de lit représentant deux phalènes, l’un de l’aube et l’autre du crépuscule, où brillaient des éclats d’opales, et les surveillants de chaque salle m’observaient, mi-émus mi-moqueurs, passer d’une pièce à l’autre en tentant d’étouffer des cris d’émerveillement.


L’un des trésors que je rêvais de voir n’était malheureusement pas exposé, à cause de sa fragilité, mais en voici tout de même une photo, car le monde doit savoir :

Bord de rivière au printemps, un poème de soie.
 L’idée de poème vestimentaire trouve tant d’écho en mes pensées, en ce moment.

Et voici un joli poème de chevelure réalisé par mon amie Chloé-Kourai.

Une croix de Lorraine et Amphitrite by night sur la place Stanislas. Entre autres points culminants de mon passage à Nancy, des glaces à la noisette, un bouquiniste, des conseils vestimentaires donnés par une prostituée à deux heures du matin, quelques pièces du musée des Beaux-Arts. Par exemple, un Enlèvement d’Hélène en costumes Renaissance.

Exécuté par Mathis Gerung autour de 1530, image trouvée sur Flickr, parce que je n’avais pas mon appareil photo avec moi ce jour-là.
Ce détail est lui aussi une image volée. Mais d’autres jolis tableaux se cachent derrière ce lien.
Ce musée des Beaux-Arts est d’ailleurs drôlement bien fichu, avec une scénographie claire et joliment mise en scène, sans surcharges. Et puis, fichtre ! On y trouve des pièces superbes, telle cette Annonciation de Caravage devant laquelle je suis restée en adoration pendant de longues minutes.


Et ainsi, la seule chose à laquelle je pense, depuis que je suis rentrée, est à une jolie façon de traduire en français l’idée de wanderlust.

2 commentaires:

  1. Ooh, tu me redonnes envie de visiter Strasbourg !

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    1. Si tu n’y es jamais allée, je te recommande chaleureusement de la visiter. Et si tu la connais déjà, je ne peux que t’encourager à y retourner. J’y pense déjà moi-même...

      Je n’arrive pas à commenter ton dernier billet, mais je tenais à te remercier pour cette revue, je pense que j’essaierai avec mes bêtises favorites postées sur Instagram !

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