dimanche 6 septembre 2015

CCL ~ Divagations autour du Sweet Girly

Après avoir posté les images issues de notre séance inspirée par le magazine Larme, je me suis replongée un peu dans l’univers du sweet girly, par nostalgie (déjà), mais je pense finalement que le philtre agit encore un peu sur moi. Comme souvent avec les styles nippons, je m’en étais éloignée passablement agacée par l’aspect de plus en plus superficiel des publications, mais enfin ! 

Hier soir, j’ai donc regardé l’épisode de Kawaii i consacré au sweet girly (je songe à créer des pin’s « j’ai survécu à la voix off »), et outre avoir été bien amusée par la transformation de Mila en zombie, je retombai totalement sous le charme de l’univers de Larme et de sa superbe ambassadrice Risa Nakamura.

J’ai reçu la flèche de Cupidon en plein cœur, mais je reste stoïque.
Je découvris le fameux magazine voilà deux ans, lors de mon premier voyage au Japon, et je tombai instantanément sous le charme de la ligne éditoriale mêlant rêveries préraphaélites modernisées et inspirations féministo-féminines des années 1960/70 (si je pensais trouver un jour une publication pour jeunes femmes qui consacrerait une double page à l’esthétique de Portier de nuit… !). La jeune femme aime les couleurs pâles, les motifs naïfs, mais possède une part d’ombre qui achève de la séparer totalement du monde de l’enfance. Une sorte de lolita du XXIe siècle, mais avec un penchant bien plus assumé pour la sensualité du corps féminin – mais, et c’est ce qui est chouette, une sensualité qui n’est jamais tournée vers l’approbation masculine.


Cutie, été 2015.

J’aime à me dire que, de façon différente, le lolita et le sweet girly mettent en scène des femmes libres, qui assument leurs choix esthétiques jusqu’à en faire un mode de vie dont elles sont seules maîtresses. Tout comme dans le lolita, l’on retrouve alors une gradation de femmes qui aiment le pastel au point de décorer leur chambre avec des châteaux de princesse et les autres qui, euh… aiment les crânes et regarder Portier de nuit ?

 Rose Marie Seoir.

Mais évidemment, comme pour tous les styles qui deviennent un peu populaires, l’obsession de la marque a lentement commencé à prendre le dessus sur l’esprit du style, laissant le champ libre à des tenues moins originales, moins indépendantes, justement. C’est peut-être un paradoxe que d’affirmer que l’esprit prime, à mon sens, autant que le vêtement dans le choix d’un style (d’où l’importance de l’humeur, de l’ambiance, pour s’exprimer pleinement à travers une tenue), mais je ne comprendrai décidément jamais comment, à partir du moment où l’on a choisi de se démarquer (l’étymologie est assez parlante, tout de même…), d’affirmer la création d’un univers à travers soi, l’on peut retomber dans des travers aussi grossiers que ceux qui gangrènent l’indépendance culturelle de la modernité. L’omniprésence de Disney, par exemple, que ce soit dans le lolita ou dans le sweet girly, commence sérieusement à me gonfler.


D’où, j’imagine, mon éternelle nostalgie pour les débuts maladroits, ceux qui tentent déjà de s’inventer par eux-mêmes avant de se chercher chez les autres. Le Japon est certes un cas particulier, tant le consumérisme y est devenu partie intégrante de la vie quotidienne (et ce jusqu’à l’écœurement), mais ce n’est pas parce qu’une riche idée suit, à des milliers de kilomètres, une pente chagrine qu’il est nécessaire de lui ôter toute considération, ou qu’on ne peut pas la réinventer soi-même. De plus, l’achat de vieilleries et le fait-main permettent souvent des merveilles… (tout comme pour le lolita, d’ailleurs).


Si je devais imaginer une éthique du sweet girly, je dirais que, contrairement au lolita, son esprit se traduirait par un ancrage plus fort dans la vie quotidienne. Là où le lolita se repaît de contes de fées, le sweet girly étudie les figures féminines fortes des films de Godard (cf Larme itself). Elle joue plus facilement avec les aspérités de la réalité contemporaine, et parvient à s’en satisfaire, sans pour autant renier ses idéaux, grâce à une certaine souplesse d’esprit, ni totalement parvenir à se détacher de la mélancolie maladive d’un Virgin Suicides. Il existe toujours un peu du poison, de la sorcière en elle…

Quelques liens utiles, intéressants, ou simplement jolis :

~ Un article Japacolle
~ Un article sur le blog de Chieko, adepte française du sweet girly
~ Un Tumblr dédié au sweet girly

Et un peu de musique légère pour finir.

4 commentaires:

  1. Merci pour la re-découverte et les liens.

    J'aime beaucoup l'essence du sweet girly avec un penchant pour le côté dark.

    Puis-je également tombée amoureuse de Risa ?

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    1. Merci beaucoup pour ton commentaire ! Je suis folle du côté plus sombre de ce style également, si élégant et féminin.

      Quant à tomber amoureuse de Risa, c'est autorisé sinon encouragé !

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  2. Merci beaucoup pour cet article découverte !

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