vendredi 27 juillet 2012

XXI - Je n’ai que faire de diamants tant que je peux me rafraîchir lorsqu’il fait 30 °C en été.

A jeter de vagues coups d'œil sur les blogs d'élégants que suit l’Ohm, ma vision de la communauté lolita ne s'arrange pas vraiment. Certes, l'herbe est toujours plus verte ailleurs, mais là, le gouffre me semble évident. La différence d'âge joue sans doute, les plumes de ces blogs frôlant souvent la trentaine, sinon plus, on peut leur accorder une maturité que les adolescentes ou les jeunes adultes n'ont pas, mais je ne suis pas sûre pour autant que la trentaine et la maturité se marient si aisément (en tout cas par rapport à ce que mon expérience a pu m'apprendre sur eux).

De loin, nos revendications et celles des élégants se ressemblent furieusement : culte de l'inutilité, recherche esthétique, dénigrement des modes trop passagères et mercantiles, importance du détail, etc. etc. De près, si le mode d'expression, le vêtement, reste le même, les références des unes et des autres s'éloignent trop pour qu'un réel accord puisse être trouvé. L'élégant s'habille pour le travail et pour ses loisirs, la lolita pour rester hors du monde. L'élégant prône la discrétion, la fantaisie mesurée et maîtrisée, l'intemporel, la lolita s'inspire de légendes, de romans, d'un fantasme du passé, elle est atemporelle. L'un est profondément ancré dans le réel, l'autre dans la rêverie. Il est facile de trouver des points de discorde entre ces deux mondes vestimentaires, qui ont pourtant, pour moi, de nombreux points communs.

Les élégants et les lolitas peuvent avoir l'esprit très étriqué sur ceux qui les entourent. Dans la même journée, chez les uns, j'ai lu des commentaires dédaigneux sur ces tribus, les goths et autres emos mis dans le même sac par manque d'intérêt et vague mépris, alors que les lolitas se lançaient des roses sur leur courage et leur intelligence pour avoir choisi un style qui, pour reprendre les mots d'une demoiselle, est le seul à avoir « un sens profond véritable » – n'est-ce pas, là aussi, profondément méprisant ? Pour autant, ce sens profond véritable, je le trouve de moins en moins dans les préoccupations des lolitas : on tue les débats dans l'œuf , on se regarde le nombril, on s'admire et on se déchire dans cet univers étriqué. On oublie même l'esthétisme de la langue que l'on parle, en l'accablant de fautes et de contresens logiques. Où est passé l'idéal dans lequel on se repaît avec délectation ?

Je ne sais pas, au fond, si la société des élégants vaut mieux que la mienne, mais en fait je ne veux même pas le savoir. J'ai simplement envie que si un jour l'un d'entre eux, ou n'importe qui d'autre, curieux et ouvert d'esprit, s'aventure chez nous, il ne reparte pas horrifié par la bassesse et la médiocrité de nos pensées. Il est temps de retourner aux sources, de retrouver notre identité, et d'apprendre ou réapprendre ce qu'est l'humilité. Car non (petite attaque sur une attitude courante qui m'agace de plus en plus), on ne devient pas spécialiste d'une culture, même urbaine, même contemporaine, en un an, en trois ans, ni même, parfois, en dix ans. 
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Ce que je viens d'écrire est sans doute un peu décousu, mais il est tard (ou tôt selon les points de vue, mais de toutes façons ce n'est pas une excuse). Simplement, en tombant sur certaines lectures de l’Ohm, j'ai réellement été frappée par la différence entre la profondeur de ces articles, de leurs références, de leurs réflexion, et le quasi néant des nôtres. Ce n'est pas pour autant qu'ils mettent de côté une certaine légèreté, et pourtant... 

Je mets ici un lien vers un de ces articles qui m'a marquée (il faut cliquer sur « ici », je ne suis pas sûre que les liens se voient bien mais je n'ai pas le courage de changer les paramètres du blog là tout de suite).

Le print n'a pas grand chose à voir avec le reste,  mais je voulais
quand même le poster parce que je le trouve vraiment joli ! 

7 commentaires:

  1. Ton article n'est pas si décousu, certes les points de discorde sont évidents mais j'y trouve moins aussi des points communs, des points communs dans la différence. Ils semblent se compléter.
    Cependant, comme tu te doutes, ces similitudes ne sont valables qu'avec l'essence même du Lolita, pas celui d'aujourd'hui, non, l'ancien, l'authentique, le vrai.

    Bon courage par cette chaleur et merci pour cet article qui porte à la réflexion.
    Bonne journée!

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  2. Aie ! Tu as trouvé moyen de te faire du mal. Un article d'autant plus déprimant après avoir vu du Lolita sur réseaux sociaux juste avant (depuis quand les lolitas ont-elles besoin d'être sociales ?)

    Peut-être que quelqu'un s'y connaissant bien saurait dire si ces élégants-là ont une faille comme c'est le cas du Lolita, qui n'attendait qu'à se faire exploiter bien comme il faut, à toute vitesse. Une faille, donc - une certaine permissivité sur l'élégance voulue à l'origine. Quelques éléments modernes, quelques références à de la culture populaire pas franchement du meilleur goût. Et de fil en aiguille, l'équilibre est rompu. On en vient à découvrir le Lolita & à essayer de le transformer à sa sauce, alors qu'on devrait arriver au Lolita parce qu'on a suivi le même chemin culturel qui en est la cause.

    C'est sûrement parce que les élégants ont des modèles à suivre, là où les lolitas ont surtout envie de se regarder le nombril, au présent. Et dans le monde moderne ce ne sont ni les moyens ni le lavage de cerveau qui manquent. Forcément, quand on rejette les codes du monde moderne, c'est plus facile de se mettre à l'abri, or le Lolita a perdu cette vocation.

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  3. Je ne vois pas que vous répondre de plus, comme je vois que nous sommes d'accord xD par contre je m'interroge aussi sur la responsabilité des anciennes : qu'avons-nous fait pour que le loli dérive autant ? Est-ce une évolution naturelle ? Un manque d'informations de notre part ?
    Je ne sais pas comment sauver ce qui reste à sauver : dois-je m'impliquer plus, ou au contraire le cultiver de mon côté, en regardant les autres se dépêtrer dans le new-school... je n'aime pas cette idée de rejet total de la nouveauté : il y a, heureusement, de nouvelles sorties lolita intéressantes, mais d'un autre côté, j'ai l'impression d'avoir vraiment peu de points communs avec le traitement qui en est fait. L'équilibre est difficile à trouver, je suppose...

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    1. Peut être parce qu'a force de stigmatiser les itas en jupe plastiques noires et blanches et jupes courtes on a peut être poussées vers un sweet très enfantin ?

      AP a négocié au mieux le "virage" des lolitas japonaises avec le pop kei et le fairy kei, fatalement cela c'est reflété sur le marché et avec l’avènement des répliques... L'OTT a fini de s'imposer sur le marché.

      Mais je pressens une petite "chute" du sweet, on voit de plus en plus de filles se mettre au classic avec les pièces Juliette et Justine qui sont maintenant les seules à ne pas perdre de leur valeur à la revente... Du coup wait and see ?

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    2. Oui, je suis curieuse de voir ce que donnera le loli dans quelques années. Un peu anxieuse aussi x). Au-delà de ce que ça donnera visuellement, j'espère qu'on retrouvera une approche plus saine du vêtement et de la dépense (trololol c'est moi qui dis ça, mais bon, je crois quand même qu'il y a bien pire que mon comportement en fait...) Plus de ces courses aux imprimés serait déjà un bon début.

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  4. Je découvre ton blog et permets moi de me prosterner devant toi, j'adore simplement ton style d'écriture, beau, enlevé et imagé tout ce qu'il faut, évidemment le propos est très intéressant également mais c'est tellement mieux quand c'est joliment emballé !
    Je trouve que l'on observe aussi ce phénomène de supériorité chez les lolita d'un côté envers les gens normaux (baptisés "moldus" par certaines, pourquoi pas "race inférieure" aussi) mais également au sein même de la communauté, notamment chez les nouvelles, qui se rassurent sur leur statut de "lolita légitime" en rabaissant d'autres nouvelles qui ne connaîtraient pas autant bien les "règles" du style qu'elles.
    On n'évolue plus en regardant vers le haut et en aspirant toujours à mieux de nos jours, on s'élève en rabaissant par le bas et c'est ce qui est triste.
    C'est humain, c'est plus facile, moi-même il n'y a pas longtemps me sentais meilleures que ces filles clonées à coup de Zadig et Voltaire avec décolleté plongeant et mini-jupes, mais elles s'habillent comme elles veulent, c'est leur choix et comment espérer qu'elles respectent le mien si je ne le fais pas moi-même ?

    Le lolita n'a pas d'origine culturelle, donc c'est normal de retrouver des individus complètement différents qui viennent de plusieurs horizons. Mais une grande partie des maux qui affectent notre style viennent également de la façon de consommer, de penser, des jeunes d'aujourd'hui, qui a énormément changé en peu de temps, d'où ce gouffre qui sépare les "anciennes" des "nouvelles".

    Enfin bref comme Rehem dit, le sweet OTT est en déclin, wait and see, en attendant je prends des distances et n'aime plus trop dire que je suis "lolita" ^^;

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    1. Noon, ne te prosterne pas ^^" J'apprécie vraiment ton compliment, comme mon but est aussi d'offrir quelque chose d'agréable à lire à ceux qui passent par ici, mais de là à ce que tu te prosternes, non xD

      Je suis totalement d'accord sur le caractère dépréciatif du terme "moldu". Ce n'est pas parce que nous nous habillons différemment que nous possédons une connaissance que les autres ne peuvent nécessairement pas avoir ; même si certaines se justifient en disant que ce mot est plus utilisé de manière tendre qu'autre chose, il montre une volonté de cloisonnement dont je me méfie.

      Je pense que l'on se sent meilleur que les clones en Z&V dès lors que l'on a quelque chose à prouver ; moi aussi je ressentais une certaine fierté à être différente, à ne pas me soumettre au carcan des tendances occidentales, mais maintenant j'ai acquis une certaine "harmonie" vestimentaire et je me contrefiche de la comparaison avec les autres. Peut-être est-ce une tendance qui vient de l'adolescence et qui disparaît au fur et à mesure que notre personnalité se renforce ? En tout cas je suis d'accord : je ne comprends pas celles qui traitent les mainstream de "pouffes" pour s'offusquer ensuite de se faire insulter à leur tour. Soit on essaie de faire preuve de l'ouverture d'esprit que l'on réclame chez les autres, soit on assume les critiques plus ou moins faciles que certaines personnes étrangères au lolita peuvent faire.

      Lorsque tu dis que le lolita n'a pas d'origine culturelle précise, c'est vrai, pour autant je pense que toutes ses inspirations permettent d'y rattacher des contextes culturels précis. Je crois qu'il est possibles de trouver des points communs autres que la simple silhouette lolita chez la majeure partie d'entre nous, tous basés sur des critères culturels : l'attrait pour la période rococo ou romantique, l'amour des beaux tissus, de l'univers des poupées, etc. C'est justement ça qui est formidable avec le lolita : il permet à des personnes qui viennent d'horizons différents de se retrouver autour d'un style. Mais à partir du moment où l'on s'attache au vêtement comme chose purement matérielle, et non comme vecteur d'un univers particulier, la machine se dérègle. Je ne sais plus qui, sur DL<3, s'est présentée en disant qu'elle ne voyait dans les robes que les imprimés, et que pour cela elle était prête à acheter des contrefaçons, et tant pis si elle se prive d'une meilleure qualité : je trouve cela dramatique. Alors quoi, elle pourrait porter une nappe, du papier peint tant que l'imprimé est dessus ? C'est l'exemple typique d'une consommation si frénétique qu'elle a perdu toute notion de légalité, de moralité, et finalement de respect de soi. Peu importent les autres, si je peux consommer. Pour être honnête, je ne sais pas si c'est une caractéristique qui touche uniquement les jeunes générations du lolita, peut-être que si ce boom des répliques avaient eu lieu quelques années plus tôt, il aurait connu le même succès : en fait je ne fréquente pas assez la génération des 1995/2000 pour avoir un jugement assez tranché sur eux... même si je ressens également ce gouffre dans la manière de considérer le lolita et la manière de consommer. Je crois que la popularisation du style y est aussi pour quelque chose.

      Je comprends que tu n'aimes plus dire que tu es "lolita", même si je trouve cela vraiment dommage. J'aime beaucoup la manière dont tu t'habilles, toujours avec goût, et avec beaucoup d'éclectisme : ce lolita-là manque, aujourd'hui. Mais au fond la plupart des "anciennes" a déserté les topics tenue du jour de GL par exemple, agacée d'y voir presque toujours la même chose, moi-même je n'y poste plus du tout. Heureusement il y a encore des filles comme Ataxie ou May qui savent porter des tenues sobres et élégantes, et qui mettent un peu de baume au cœur entre une réplica et une OTT.

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