mercredi 30 septembre 2015

CCLVII ~ L’échelle céleste

Alors que je réalise lentement que je connais le lolita depuis près de 15 ans, soit largement plus de la moitié de ma vie (c’est fou !), j’ai voulu faire un petit classement de dix tenues parmi toutes celles qui m’ont le plus inspirée lors de toutes ces années. Parce que j’ai beau être désespérée par la vacuité actuelle du mouvement (mais qu’est-ce qui n’est pas vide en ce moment, de toute façon…), je ressens toujours beaucoup d’amour pour son esthétique et sa silhouette. Ainsi, cessons de râler, et soupirons d’aise.

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10. Une jeune fille capturée dans le tout premier Gothic Lolita Bible.
Premier GLB, premier street snap, première page (demoiselle de droite).
Rien que je n’aime pas dans cette ici, pose et sourire malicieux compris. Je trouve tant de charme à cette simplicité ; et la joie que j’ai ressentie en portant cette robe pour quelques heures me donne le frisson à l’idée de la posséder enfin un jour (j’ai l’impression d’être le héros d’un mauvais roman érotique en écrivant cela…). Et tant pis pour le manque d’imagination ; je veux exactement cette tenue, et me promener à Tôkyô avec. Sentez les rêveries des années 00 ressurgir !


09. La plus belle tenue pâle de tous les temps (pas d’emphase, ou si peu).
Iiraliina
Qui n’était pas amoureux de la prestance et de l’élégance d’Iiraliina, au début des années 2010 (laissez-moi prendre mon cas particulier pour une généralité…) ? Je crois bien que de toutes les superbes photos qu’elle laissait filtrer sur les plateformes alors en vogue (feu Daily Lolita, entre autres) celle-ci est ma préférée. J’aime tellement sa façon de porter le Moitié, si mystérieuse et intrigante… À l’époque où je ne jurais que par le noir, elle qui savait apporter si justement les ténèbres dans la clarté me donnait envie de chuter dans les teintes lumineuses.


08. Résilles.
Na + H.
Je n’en démordrai jamais ; l’ero fait clairement partie, pour moi, de l’esthétique lolita. J’apprécie cette tenue pour le violet, évidemment, pour son élégance, et j’aime aussi la nuance dédaigneuse dans les yeux de la modèle. Je ne perds pas espoir d’écrire un billet valable sur l’ero un de ces jours (un peu mieux qu’ici, en tout cas) je ne m’étends donc pas plus.


7. Cocorico. 
Marie Tuonetar
Je suis tant sous le charme de l’ambiance que Marie dégage qu’il me fallait la faire figurer ici, mais j’eus bien du mal à me restreindre à une seule photographie qui me plaisait. Finalement, celle-ci résume tout ce qui m’attire dans l’élégance et la sobriété du lolita qui me fait rêver depuis 15 ans.


06. La Grande Bouffe.
Juliette et Justine.
Souvenez-vous. Vers 2011, alors que la mode était aux tenues d’un pastel douteux et aux références pop culture assumées, Juliette et Justine se met à sortir des imprimés tirés de tableaux de maître, et c’est la révolution. Mon cœur, depuis, bat de plus en plus fort pour cette réinterprétation de la Cène au titre plutôt évocateur, sortie, si ma mémoire est bonne, au début de l’année 2013. Sérieusement, si je n’assouvis pas ce désir terrible, cette tenue risque de grignoter encore quelques places dans le classement. 
Blague à part, j’apprécie beaucoup le mélange de couleurs et de textures. Mais bon, le nom de La Grande Bouffe est déterminant pour cette violente passion.


5. Néo-old-school.
Satan’s Celestial Baby
Je suis depuis quelque temps cette jeune Britannique sur Tumblr, et j’apprécie vraiment la façon dont elle porte le lolita, mélangeant la mélancolie des pièces de 200X avec des inspirations plus récentes comme des collants Grimoire et le maquillage en vogue ces dernière années, donnant un côté encore plus éthéré aux maladroites silhouettes datant d’il y a 15 ans. Cette photographie est vraiment charmante, et je ne mourrai pas sans avoir essayé un jour ce genre de perruque-saucisse.


04. De la sobriété.
Marie-Dauphine
J’assomme tout le monde à coups de sobriété, mais bon, j’apprécie également l’opulence, parfois. Comme ici, où tout est chargé, mais rien n’est à jeter. On sentirait presque le parfum de la tubéreuse à travers l’écran. En conclusion, mourir étouffée sous le poids de ses dentelles est ma foi une mort très honorable.


03. Sachi.
À gauche, cette fois-ci.
Je ne pouvais pas ne pas mettre cette image. C’est à cause d’elle que je suis tombée dans tout ça. Me plonger dans ces vieux souvenirs m’a rendue un peu triste, car je réalise que je me sentirais terriblement mal à l’aise, à présent, dans la plupart des tenues dont je rêvais à l’époque. Lors de la dernière East Tea Party, j’avais décidé de porter du vieux Moi-même-Moitié comme il se portait en ce temps-là, et je me suis vraiment trouvée bête. Je me sentirais probablement déguisée dans la tenue n° 5 de ce billet, et pourtant je la trouve très réussie. Par exemple, les collants blancs avec les plateformes noires, je n’y arrive plus. Ce n’est plus la façon dont je porte le style. On ressent toujours un petit pincement au cœur lorsque l’on se sent évoluer, j’imagine. Pour autant, j’aime toujours feuilleter mes vieux magazines, mais avec un peu plus de distance.


02. Porte ton armure, aie de la fierté.
Alicia Britt
Cette superbe émanation préraphaélite est une jeune Britannique dont l’un des projets est de créer une armure sur le thème d’Alice au pays des Merveilles, et lorsque je vis le résultat d’une séance photo autour de ladite armure, je fus instantanément conquise. J’aime le thème de l’innocence guerrière, alors mêler lolita et idéal chevaleresque représentait comme un rêve devenu réalité. Sans compter le travail sur le métal qui est tout bonnement superbe.


01. Sachi… encore.
Bon, heureusement, certaines choses ne changent pas : ceci reste toujours, même 14 ans plus tard, l’une de mes principales sources d’inspiration. Je continue de trouver cette tenue parfaite en tous points. Je remplacerais peut-être simplement le nœud par des fleurs, mais sinon oui, mille fois oui.

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Rendez-vous dans cinq ans donc, et nous verrons ce qui a changé entre temps…

8 commentaires:

  1. Comme je te comprends sur l'évolution des goûts au fil du temps, et aussi ce fossé parfois entre ce que l'on aime et ce que l'on arbore... Après pas mal de casseroles et de réflexion, j'en suis enfin au point dans ma vie où je fais la part des choses entre ce que j'aime et ce que je porte. Ce sont qui sont deux choses bien distinctes qu'il n'y a aucun mal à séparer finalement, puisque l'un ne doit pas frustrer l'autre. Mon idéal et mon imaginaire grandit avec ce que j'aime mais je l'adapte à ma sauce pour qu'il s'intègre dans mon quotidien.
    J'aime ce que me propose à regarder Larme mais je ne le porterai pas, j'aime les tenues théâtrales avec grand chapeau mais je ne les porterai pas non plus... Par contre je porte avec ravir chaussettes courtes sur collants, pulls larges et shorts courts, longues jupes et cardigans dans mes teintes favorites !

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    1. Je me retrouve complètement dans ce que tu dis ! Il y a ce que j’aime sur les autres, et ce dans quoi je me sens à l’aise. Adieu jupe cloche, je n’arrive presque plus à porter de jupon sans me sentir déguisée. C’est un peu la fin d’une époque, d’autant que j’ai l’impression que nous sommes nombreuses à ressentir la cassure au même moment.
      En tout cas j’ai hâte de voir comment tout cela va évoluer dans la composition des tenues et le mélange des inspirations.

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  2. Que ton billet était doux et nostalgique à la fois ! C'est un réel plaisir de découvrir ce qui te fait rêver dans l'esthétique Lolita et lire tes souvenirs. 15 ans déjà ! C'est fou !
    J'ai récemment fait le tri dans mes affaires de façon générale et je comprends très bien ce sentiment qui nous pince le coeur lorsque l'on se rend compte que quelque chose que l'on aimait autrefois ne nous attire plus vraiment... De se voir évoluer et changer. Quitter ce que l'on connaissait, ce qui nous rassurait vers l'inconnu, vers une nouveauté qui nous effraie et nous aide à nous définir en même temps.

    Ah, je suis si contente que tu reconnaisses toi aussi l'Ero ! Comme le Punk ou le Wa, il a beaucoup été mal utilisé, abusé pour faire rentrer des tenues non Lolitas de force dans la case. Je pense que c'est une des raisons pour laquelle il est si mal vu.
    A mon sens, l'Ero n'est pas provocateur ou vulgaire, mais teinté d'un mystère malicieux, d'un jeu de transparence-opacité entre les matières.
    Il fait peur à la "pudeur Lolita", mais finalement, nous restons des femmes. Et une femme qui assume ses atouts dans ce contexte a quelque chose de presque révolutionnaire à mes yeux !

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    1. Et oui, 15 ans déjà ! Comme le temps passe ! Mais au moins, j’aurai pu en profiter longtemps. Comme toi, je fais un peu de tri dernièrement, et je commence seulement à me séparer de pièces que je ne porte plus depuis des années. Mais c’est terrible, dès que l’on charge un vêtement d’une histoire, le laisser partir est un crève-cœur, alors qu’en effet, c’est nécessaire aussi pour évoluer...
      En même temps, je vois bien que j’ai toujours un pied dedans, je continue d’acheter des pièces dont je rêve depuis longtemps (très récemment, un superbe manteau de velours Juliette et Justine, ou encore une blouse Moitié aux manches bouffantes), mais je les mets en scène différemment, à présent. Pour autant, c'est très exaltant, car libérateur de toutes les règles qui définissent la silhouette et les sous-styles.

      Et oui, je suis complètement d’accord avec ce que tu dis de l’ero. J’ajouterai que c’est l’instant où la femme se dévoile pour elle-même, et pas pour le regard sexualisé d’un tiers. C’est comme ça que je comprends cet aspect révolutionnaire dont tu parles, après les siècles d’existence subalterne du corps féminin.

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  3. Il me semble qu'en voyant les photos de l'East Tea Party, j'ai aussi trouvé ta tenue atypique. L'incongruité du Lolita avait son charme, mais en la mettant de côté au fur et à mesure de son évolution, celui-ci l'a inévitablement ostracisée. Je commence aussi à avoir des pièces que je ne mets plus, à force d'anticiper : "si je me lève assez tôt, je pourrais la porter pour aller à l'atelier quand il n'y a personne dans les rues". Je pense au bar étudiant en bas de ma rue, à qui il y aura à l'atelier, au fait qu'ayant perdu mes clés de l'atelier je ne peux plus rentrer la dernière à 21h quand il fait sombre. J'attends la fin de l'automne pour que cela ne fasse pas trop habillé pour la saison. Et finalement, ces jupes en A que j'estimais faire trop simple pour du Lolita ces dernières années sont devenues mes alliées, quant à mon jupon, je le porte toujours facilement car je l'ai depuis longtemps et son volume diminue probablement tranquillement mais sûrement.

    J'aime toutes les tenues de ce billet, sauf la Grande Bouffe (avec un nom pareil je me serais attendue à quelques références belle époque). Une bonne partie ne détonnerait d'ailleurs pas trop en enlevant quelques accessoires, du moins dans la capitale. (J'avais déjà vu la lolita chevaleresque d'ailleurs, qui plairait bien à ma Belyer, l'ayant toujours imaginée gardienne du Val voire vengeresse. Mais celle-ci est particulièrement bien vue car Alice est une si grande inspiration pour le Lolita, autant lui emprunter sa chevalerie d'échec tant qu'à faire)

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    1. Je continue à porter des tenues importables, mais Paris est sans doute différent d'Aix pour cela. Peu importe le bar étudiant en bas de la rue, les rues sont généralement assez larges pour éviter les gêneurs. Mais cet « importable » a simplement changé de forme.et d'esprit. En fait, c’est cette maladresse que j’aime tant dans laquelle je ne me reconnais plus. En trois jours de travail, j’ai porté le lolita deux fois, et ce sans me sentir mal à l’aise, mais avec des éléments bien éloignés de ce que je portais voilà cinq ans (aujourd’hui ma jupe Rose Jail d’AatP par exemple, en marron, avec un haut Moitié d’inspiration Renaissance, ça passe crème). J’ai 25 ans à présent, je n’ai plus vraiment envie d’être maladroite, peut-être en photo parfois, pour l’esthétisme, le souvenir, mais plus dans la vie de tous les jours.

      La Grande Bouffe divise, ça ne m’étonne qu’à moitié moi-même (hahahaha) ! En revanche, que ta Belyer apprécie la Loli chevaleresque ne m'étonne pas du tout.

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  4. Tes oldschool favoris et ta photo de liraliina sont mes favoris également!
    Je trouve idiote l'obsession du port du jupon aujourd'hui. En 2000, le lolita était beaucoup plus libéré, tant que l'esprit et l'ambiance étaient là.
    On a voulu tout catégorisé quand certaines marques et tendances sont apparues.
    La demoiselle en haut à droite sur ta première image est ravissante. mais quelle est-elle ? Lolita ? Natural kei ? EGL ? "Madame" ? Tant de noms empruntés aux magazines pour chercher à encore mieux catégoriser. Elle est lolita et puis voilà.
    Le lolita c'est japonais, c'est de la pudeur, de la coquinerie dans le regard, un brin de dentelle, de couleurs douces, de la tendresse et du caractère.
    Catégoriser c'est bien au début, pour prendre ses repères, mais là où l'art est transcender, c'est dans la maîtrise quand les bases deviennent invisibles.

    J'espère un jour maîtriser mon lolita: des jupes courtes en été avec bloomer apparents, des chemises "hime", de la superposition, de la transparence, du lacage, une veste noire en hiver, des souliers, une robe gunnesax et le sort en sera jeté.

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    1. J’aime beaucoup la façon dont tu définis le lolita, je m’y retrouve beaucoup, à vrai dire. Et en effet, en matière de vêtements (comme pour beaucoup d’autres choses, d’ailleurs) on ne commence à réellement s’approprier un style qu’une fois que ses règles sont suffisamment assimilées pour devenir intuitives, et laisser ainsi plus de place à l’imagination. Mais il me semble que le cadre est devenu plus strict ces dernières années parce que le lolita n’était plus tant un moyen de s’exprimer que de se définir, et que la règle permettait donc de créer un carcan où se construire une identité, d’une certaine façon. Il est plus facile de se définir de façon restrictive qu’ouverte, et de se baser sur une forme que sur un état d’esprit.

      En tout cas, la façon par laquelle tu veux vivre et maîtriser ton lolita me paraît vraiment attirante, à la fois nostalgique sans être passéiste, moderne sans renier la maladresse des commencements. Tout ceci promet d’être très intéressant !

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